Penser la place du numérique dans la formation en entreprise. Apports de la notion d’« environnement capacitant »
Résumé
De nombreux discours vantent les mérites supposés des MOOC. Les entreprises, après l’échec relatif du e-learning, sont tentées d’y voir une nouvelle panacée pour former au moindre coût leurs employés : seuls, sur leur poste, en auto-formation. Pourtant, les recherches ont mis en évidence que, à l’encontre de la figure de l’apprenant isolé, les caractéristiques-mêmes de la formation à distance renforcent les exigences de coopération et cela, non seulement pendant la formation, mais aussi dans la phase qui lui succède, à savoir le retour en situation de travail. En nous appuyant sur l’étude de deux formations internes d’une multinationale et en mobilisant l’approche par les capacités (A. Sen), nous analysons la place possible des dispositifs technico-pédagogiques dans la mise en application et la diffusion des connaissances acquises pendant la formation. Nous montrons que : a) la place du numérique semble être plus pertinente au niveau de la mise en œuvre des connaissances dispensées pendant la formation ; b) il faut anticiper sur la charge de travail spécifique que représente la mobilisation du numérique, tant en termes de préparation que de mise en œuvre ; c) sa place dans la formation professionnelle est à personnaliser en fonction du profil des apprenants et du type de formation. Comme les dimensions numériques, pédagogiques et organisationnelles sont fortement imbriquées, la notion d’environnement capacitant s’avère très utile pour travailler le transfert des connaissances dispensées pendant la formation dans l’activité de la personne. Ces environnements seraient à mettre en place aussi bien du côté des apprenants, des formateurs que des ingénieurs de formation.