Gravitation, aléa, séquence. Variations sociologiques autour du concept de carrière
Résumé
La question posée par Abbott depuis les années 1980, comme les méthodes employées dans ses travaux empiriques – de l’« analyse de flux » (Passeron, 1990) et non des entretiens biographiques – ne pouvaient trouver que peu d’écho dans l’atmosphère de querelle magistrale qui opposait in fine liberté individuelle et détermination structurelle. Comme on essaie de le montrer dans la première partie de cet article, l’opposition entre contexte et trajet, quels que soient les termes dans lesquels elle est formulée, est un trait dominant des analyses de carrières en sociologie. Il s’agit donc de caractériser les deux pôles principaux de l’espace des conceptions possibles de l’analyse de carrières : le paradigme gravitationnel (caractéristique de la sociologie interactionniste) et le paradigme aléatoire (caractéristique de la théorie de la carrière).On propose ensuite d’analyser le paradigme séquentiel d’Abbott comme une approche dialectique, individuelle et descriptive des relations entre temps et espace ou encore des relations entre les trajectoires des individus et les mondes sociaux qu’ils traversent. Pour cela, on s’est moins intéressé à la question de la temporalité pour elle-même qu’à celle de la transition, opérée par Abbott, entre l’analyse des interactions dans des mondes sociaux (c’est le paradigme central de The System of Professions) et celle des séquences d’activité qui se déroulent dans ces mondes (c’est celui des articles qui composent Time Matters). Notre hypothèse est que les choix théoriques d’Abbott au tournant des années 1990, combinés à des choix méthodologiques excluant l’entretien ou l’étude de cas comme mode d’accès à la diversité des parcours individuels, permettent de dépasser l’opposition mentionnée plus haut entre liberté et déterminisme.
Domaines
Sociologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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