La biodiversité : une cible mouvante. Réflexions sur les jeux d’échelles dans les problématiques liées à la biodiversité végétale.
Résumé
À l’heure où les questions relatives à la biodiversité se positionnent en préoccupations globales, à l’image des « risques » d’extinction d’espèces, de « vulnérabilités » au changement global etc, cet article propose une réflexion sur la nature, les contours et la portée du terme « biodiversité ». L’objectif est de mieux cerner les enjeux scientifiques, gestionnaires et sociaux des stratégies actuelles visant la préservation, la restauration, le renforcement et la valorisation de la biodiversité1. Avec la création de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques en 2013, dont l’objectif principal est l’ « amélioration des liens entre les connaissances et la prise de décision, (...) l’identification et l’élaboration d’outils et de méthodes d’appui aux décisions qui prennent en considération toutes les connaissances pertinentes sur la biodiversité »2, il apparaît opportun de se pencher sur les paradoxes induits par le terme « biodiversité », qui n’est ni tout à fait la « nature », ni tout à fait la « diversité biologique » selon les mesures qu’il est possible d’en faire (cf. § «Des échelles d’observations aux échelles d’interprétations »). La biodiversité est avant tout un indicateur, une estimation à un instant t, une certaine représentation du vivant. Déjà discuté par Christian Levêque dans un article daté de 1994, le questionnement soulevé par ce regard orienté, connoté et pluriel sur le vivant qu’impose le concept de biodiversité, devient encore plus critique dans le contexte actuel de mondialisation des phénomènes et de globalisation des responsabilités. Il n’émerge pas de consensus strict sur la biodiversité.