Accompagner le changement dans les modèles conventionnels de production agricole grâce aux liens entre care environnemental et care social : le cas de l’AAP « Ecosystèmes, Agricultures, Alimentation » de la Fondation de France
Résumé
Depuis 2013, la Fondation de France a mis en place un appel à projets (AAP) « Ecosystèmes Agricultures Alimentation » à destination d’équipes de recherche associées à des acteurs au sein de territoires. Cet AAP fait explicitement le lien entre care environnemental (protection des écosystèmes) et care social (équité dans l’accès à l’alimentation et création de liens par la co-construction de connaissances, santé publique, qualité sanitaire de l’alimentation). La Fondation de France postule que le rétablissement du lien entre ces dimensions du care est la condition qui permettra d’enclencher un changement dans les pratiques de production agricole intégrant les dimensions agroalimentaires, sociales et environnementales.
L’analyse des projets déposés et retenus dans le cadre des AAP 2013 et 2014 permet de vérifier la concordance entre cette conception des modalités du changement et celle des acteurs et chercheurs porteurs d’action.
On observe l’importance majeure, pour les porteurs de projets, de la constitution et de la transmission du savoir (dimension participative, collaborative et capitalisation) et de la conception de nouveaux modèles de développement transposables et durables. Au contraire, l’alimentation a une faible place dans les projets, la thématique étant souvent absente ou traitée de manière indirecte.
Pour autant, les problématiques de genre associées à ces thématiques semblent mineures, en France et dans les milieux socioculturels susceptibles de répondre à cet AAP, lequel ignore toute approche par le genre.
Au delà, la mise en évidence des écarts de conception entre les financeurs et les acteurs permet d’alimenter la réflexion sur les conditions optimales des changements de pratiques en matière d’alimentation et d’agriculture et de délimiter de nouveaux champs à investir, par les acteurs de terrain comme par les chercheurs, pour stimuler plus efficacement ces changements et permettre l’émergence d’alternatives transposables et durables en la matière.