"Usage politique du mythe et modèles alexandrins dans la littérature d’époque néronienne : les traitements d’Hercule dans le Satiricon de Pétrone et la Pharsale de Lucain"
Résumé
Par une de ces déformations rétrospectives qui semblent inhérentes à la tradition littéraire, les auteurs romains construisent parfois – même si ce n’est pas systématique – de leurs prédécesseurs hellénistiques une image d’érudits isolés dans leur « tour d’ivoire » poétique, laissant supposer que le goût alexandrin pour les légendes mythologiques serait coupé de tout lien avec le pouvoir. Ainsi, le modèle de Callimaque est souvent opposé, dans les genres mineurs de l’époque augustéenne, à la nature politique de l’épopée qui doit mettre en scène des mythes célébrant le prince.
Cet article, qui porte sur le traitement de la (/des) figure(s) d’Hercule dans le Satiricon de Pétrone et la Pharsale de Lucain, observe ce que devient, à l’époque néronienne, cette distinction entre un usage supposé alexandrin du mythe et son usage politique dans le genre épique. Tandis que le roman de Pétrone semble maintenir cette distinction conventionnelle, l’épopée de Lucain, au contraire, paraît réactiver – mais de manière particulière – une sorte de lien entre l’héritage hellénistique et les enjeux politiques des fables mythologiques.