Corrélats cérébraux de la perception synthétique d'un mélange d'odorants chez le lapin nouveau-né
Résumé
A chaque étape du développement, les organismes sont confrontés à de très nombreux odorants, présents le plus souvent en mélanges. Il leur faut simplifier ce volume d’informations pour se focaliser sur les plus pertinentes biologiquement. La perception synthétique des mélanges, c’est-à-dire l’attribution à un mélange d’une odeur distincte de celles de ses constituants, peut contribuer à cela. Ici, nous avons étudié cette perception au niveau cérébral en utilisant comme modèle le nouveau-né lapin. Nous savions en effet qu’après conditionnement à l’éthyl maltol (odorant A), les lapereaux ne répondent ni à l’isobutyrate d’éthyle (odorant B) ni au mélange AB (ratio 70/30) de ces odorants; en revanche, ils répondent au mélange A’B’ (ratio 32/68 des mêmes odorants). Le mélange AB semble ainsi perçu de manière synthétique alors que le mélange A’B’ le serait de façon analytique (reconnaissance des constituants). L’activation cérébrale engendrée par AB et A’B’ a été étudiée par immunohistochimie de la protéine Fos chez des lapereaux de 4 jours après conditionnement à A. Les premières analyses des bulbes olfactifs suggèrent une hétérogénéité de l’expression de Fos entre AB et A’B’. Au niveau des régions centrales, le mélange A’B’ engendre, comparativement à AB, des activations plus prononcées du cortex piriforme antérieur et postérieur, de la ténia tecta, de l’amygdale basale et médiale, de l’hippocampe ventral et du noyau paraventriculaire du thalamus antérieur. Ainsi, de mêmes odorants activent le cerveau néonatal de manière différente selon que leur mélange est traité de façon analytique ou synthétique, en lien avec une réponse comportementale contrastée.