Les passions, les hommes et les dieux sur la scène tragique sénéquienne - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Les passions, les hommes et les dieux sur la scène tragique sénéquienne

Résumé

De quoi parle-ton , dans le théâtre de Sénèque, quand on réfléchit à la thématique de « l'homme et ses passions 1 » ? Quelle est la véritable teneur de l'adjectif possessif ? Autrement dit : ces passions sont-elles proprement celles de l'homme, au sens où elles émanent de lui et de lui seul, ou ont-elles d'autres causes ? Cette question de l'origine des passions ne nous semble pas encore avoir été traitée en tant que telle, et nous voudrions la soulever, car certaines pièces mettent précisément en débat cette origine. Pour les stoïciens, et donc pour Sénèque philosophe, on peut aller jusqu'à dire que la question ne se pose pas. L'âme humaine étant, dans sa partie directrice, composée de facultés rationnelles 2 , c'est elle qui, en émettant des jugements droits ou déformés, donnera ou non son assentiment à la passion 3. La passion étant un 1. Autre est la perspective de Schiesaro, Alessandro, « Passion, reason and knowledge in Seneca's tragedies », The passions in Roman thought and literature, Cambridge University Press, 1997, p. 89-111 et The passions in play. Thyestes and the dynamics of Senecan drama, Cambridge University Press, 2003 : il réfléchit dans ces études à la façon dont la poétique du drame sénéquien se fonde sur l'intri-cation entre passion et raison ou entre diverses passions. 2. Dans la partie directrice de l'âme, siège de l'intelligence, de la pensée (hègèmonikon ou dianoia, « intelligence », « pensée »), « il n'y a rien d'irrationnel » (Plutarque, De la vertu morale, 440e-441d = SVF III 495). C'est cette partie, au sens restreint, que l'on entend quand on parle de doctrine moniste, « qui pose que l'âme n'a pas de parties distinctes (une partie rationnelle, une partie irrationnelle) mais forme une unité indissociable » : Prost, François, Les théories hellénistiques de la douleur, Paris, Louvain, Peeters, « Bibliothèque d'Études Classiques », 2004, p. 245. Au sens large, l'âme est consti-tuée de huit parties : la partie centrale et « hégémonique », nettement distincte des autres, qui sont la partie vocale, la partie reproductrice et les cinq sens. Voir également Gourinat, Jean-Baptiste, Les stoïciens et l'âme, Paris, PUF, 1996, p. 22. Tout ceci se rattache à la théorie traditionnelle, largement majoritaire, de la « cognitive view », pour qui les passions sont des jugements et donc des modifications de la faculté rationnelle ; mais Nussbaum Martha C. rappelle qu'il existe une « non-cognitive view » pour qui les passions sont des mouvements d'une partie séparée de l'âme, et irrationnelle : « Poetry and the passions : two stoic views », dans Brunschwig, Jacques, Nussbaum, Martha C. (dir.)
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Citer

Pascale Paré-Rey. Les passions, les hommes et les dieux sur la scène tragique sénéquienne . L'homme et ses passions. Acte du XVIIe Congrès Association G. Budé, 2015. ⟨hal-01246090⟩
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