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Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Étude des corrélats aérodynamiques de l’effort vocal : étude expérimentale de la production des consonnes fricatives par un locuteur normal francophone

Résumé

L’effort vocal dans la parole a été étudié lors de la production de voyelles notamment sous l’angle de l’élévation de la pression sous-glottique (PSG) et de la Résistance Laryngée (RL=PSG divisée par le débit d’air phonatoire DAB) [1] [2]. Mais peu d’études ont été consacrées à l’étude des mêmes phénomènes lors de la réalisation des consonnes qui sont pourtant des éléments clés de l’intelligibilité (voir notamment [3]). Notre objectif général est de vérifier que, lors de la réalisation d’un effort vocal, au moins chez les sujets normaux, il existe également une élévation de la résistance de l’articulateur caractéristique de la consonne. Pour des raisons pratiques, nous avons choisi de réaliser une étude de faisabilité concernant les consonnes fricatives (/f/, /v/) dans lesquelles il existe un débit d’air constant, d’une part, et une constriction très antérieure d’autre part [4]. Nous avons utilisé le principe de la mesure directe de la pression sous-glottique, de la pression intra-orale et du débit d’air phonatoire avec l’appareillage EVA. Nous avons étudié sur le même locuteur, 6 productions successives d’une série de non mots incluant le contraste /f/-/v/ dans 12 contextes vocaliques différents et dans 4 modalités de parole caractérisées par un effort vocal croissant. Nous avons demandé au sujet d’être lui même le juge de la réalisation correcte de la consigne pour ces modalités de parole. Pour la parole au seuil, nous lui avons demandé l’intensité la plus basse possible, pour la voix confortable, nous lui avons demandé l’intensité spontanée qui ne lui demandait pas d’effort, pour la parole « claire », nous lui avons demandé de penser à une dictée, pour la parole forte, nous lui avons demandé d’imaginer un auditeur situé à 4 mètres. Les productions étaient demandées de façon aléatoire. Notre hypothèse était qu’il existe, en voix forte et en voix claire une augmentation de la résistance de l’articulateur considéré c’est-à-dire les lèvres pour la consonne sourde /f/ et dans une moindre mesure pour la consonne voisée /v/ (du fait d’une perte de charge au niveau glottique en raison du voisement). Nos résultats sont parfaitement cohérents: - pour la consonne sourde /f/, les valeurs de la résistance aux lèvres sont parfaitement cohérentes 13,67 cm3/hPa pour la voix au seuil, 17,75 pour la voix confortable, 27,61 pour la voix claire et 35,62 pour la voix forte. Toutes les différences sont significatives deux à deux (avec p<0,01). Par ailleurs nous avons retrouvé également des différences significatives des valeurs de différence de pression (PSG-PIO) retrouvées pour les différents modes de parole sont 3,63 hPa pour la voix au seuil, 4,19 pour la voix confortable, 7,14 pour la voix claire et 16,87 pour la voix forte. Les autres résultats seront donnés lors de la communication. - nous avons également étudié, dans les consonnes sourdes, la corrélation entre les mesures de PIO et de PSG dans le but de déterminer une méthode indirecte d’estimation de la pression sous glottique analogue à la méthode dite des /papapa/ mais laissant plus de place à l’étude de l’articulation de la parole. Cette corrélation est excellente avec un coefficient de détermination supérieur à 0.92. Ces résultats démontrent que l’utilisation d’une voix « claire » qui a pour objectif d’améliorer l’intelligibilité repose sur un fonctionnement plus couteux en énergie que la voix confortable aussi bien en ce qui concerne les voyelles que les consonnes. Ces résultats préliminaires devront être confirmés par des études sur différents sujets normaux et pathologiques. Mais ils confirment que l’effort vocal doit être intégré dans une conception unifiée de la production de parole incluant des voyelles et des consonnes et non pas considéré uniquement au niveau du fonctionnement glottique. [1] Hertegard S., Gauffin, J., and Lindestad, P. (1995). A Comparison of Subglottal and Intraoral Pressure Measurments during Phonation. J. Voice 9, 149-155 [2] Grillo, E. U. & Verdolini, K. (2006). Evidence for Distinguishing Pressed, Normal, Resonant, and Breathy Voice Qualities by Laryngeal Resistance and Vocal Efficiency in Vocally Trained Subjects. J. Voice, 22(5), 546-552. [3] Garnier M. (2007). Communiquer en environnement bruyant : de l’adaptation jusqu’au forçage vocal. Linguistics. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI. [4] Amy de la Bretèque (2014). L'aérodynamique de la voix: à propos des exercices de rééducation avec constriction du tractus vocal. Projet de thèse en Sciences du langage – linguistique, Aix Marseille Université. [5]Smitheran, J. R. & Hixob, T. J. (1981). A clinical method for estimating laryngeal airway resistance during production. J. Speech. Hear. Disord., 46(2), 138-146.

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01211222 , version 1 (04-10-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01211222 , version 1

Citer

Anita El Hajj, Michel Pitermann, Thierry Legou, Yohann Meynadier, Antoine Giovanni. Étude des corrélats aérodynamiques de l’effort vocal : étude expérimentale de la production des consonnes fricatives par un locuteur normal francophone. 6è Journées de Phonétique Clinique, 2015, Montpellier, France. ⟨hal-01211222⟩
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