Activité nitrate reductase et diversité de l'acquisition de l'azote en forêt tropicale humide guyanaise
Résumé
En forêt tropicale humide les espèces arborées ont des stratégies différentes d'acquisition de l'azote : les espèces fixatrices utilisent l'azote atmosphérique N2 de l'air. Il existe des espèces à préférence à ammonium (NH+) ou à nitrate (NO3-), mais aussi des espèces ubiquistes se nourrissant des deux sources d'azote du sol. L'objectif de ce travail était de déterminer si ces stratégies différentes étaient intrinsèques à l'espèce ou si elles étaient conditionnées par le milieu du fait des compétitions intra et/ou interspécifiques. Nous avons étudié la nutrition azotée d'une vingtaine d'espèces d'arbres juvéniles élevés en pot sur sol de forêt en conditions semi-contrôlées (20% d'éclairement). Deux méthodes ont été utilisées : la mesure de l'activité nitrate réductase in vivo après induction par pulvérisation de nitrate sur les feuilles et la signature isotopique naturelle δ15N. Les résultats obtenus ont montré que la majorité des plantes en serre sembleraient capable d'utiliser l'une ou l'autre des deux sources avec une forte plasticité vis-à-vis de l'azote. Quelques espèces cependant n'utiliseraient que l'ammonium comme source d'azote malgré le milieu limitant, bien qu'ayant une activité nitrate reductase potentielle, traduisant une capacité non exploitée à assimiler le nitrate, les plantes fixatrices, elles, sembleraient avoir accès aux deux sources d'azote du sol. En utilisant des traits d'héliophile peu de liens ont été observés avec le tempérament des espèces vis-à-vis de la lumière. Des mesures complémentaires sous différents éclairements (5, 10 et 30%) seraient nécessaires pour conclure sur ce sujet. Les différences de nutrition observées dans le milieu naturel seraient dues aux conditions du milieu même si indirectement il se pourrait que la plante ait le pouvoir d'influencer le choix de la source en inhibant la nitrification au niveau rhizosphérique par le biais d'exsudats racinaires.