Le silence des choses. La pantomime romantique, spectacle de l'immanence ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Le Magasin du XIXe siècle Année : 2012

Le silence des choses. La pantomime romantique, spectacle de l'immanence ?

Résumé

La pantomime des Funambules, à l'ère de Deburau, n'existe pour nous que magnifiée, élevée à un haut degré de symbolisation, dans le discours des écrivains romantiques, de Nodier à Gautier, de Janin à Sand. Les scénarios pantomimiques aujourd'hui accessibles et lisibles sont à l'usage de leur héros, Pierrot : maigres et presque mutiques (rares, elliptiques, peu ou mal édités). En dehors de leur reviviscence posthume, et largement mythographique, dans Les Enfants du paradis, les textes et les spectacles déployés à partir d'eux demeurent aujourd'hui, littéralement, lettres mortes : à la fois absents et écrasés par les écrits dérivés, critiques, biographiques, hagiographiques, qu'ils ont suscités. L'usage de la pantomime, sous la plume des écrivains romantiques, est en réalité critique, c'est-à-dire orienté, motivé par une stratégie qui vise au-delà de la modeste pantomime du pauvre Deburau : le spectacle d'en bas, théâtre " à quatre sous " produit par un boui-boui du Boulevard du Temple comme les Funambules, ex-théâtre des Chiens savants, est érigé en conservatoire d'un art menacé par les développements modernes de la scène, à l'heure du théâtre industriel, comme par la persistance des formes classiques. Le geste romantique de défense et illustration de la pantomime est donc d'accaparement et peut-être de trahison : tantôt mus par la volonté de découvrir là, dans ce spectacle élémentaire, le " vrai " peuple, tantôt portés par le désir de retrouver, sur la scène muette, les origines sauvegardées d'un théâtre métaphysique, les écrivains, de la fin de la Restauration à celle de la monarchie de Juillet, ne passent-ils pas à côté d'un théâtre burlesque de l'immanence en s'obstinant à le tirer vers un spectacle du Sens ? Sans doute faut-il apprécier dans la pantomime romantique, avant " l'âme du peuple " révélé dans le corps de Deburau, avant l'éloquence muette du langage gestuel plus pur que la parole, avant les débats métaphysiques figurés dans l'espace visible par les coups de pieds et de poings de Pierrot et Arlequin, le spectacle de l'être-là des corps et des choses.
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  • HAL Id : hal-00914293 , version 1

Citer

Olivier Bara. Le silence des choses. La pantomime romantique, spectacle de l'immanence ?. Le Magasin du XIXe siècle, 2012, 2, pp.76-80. ⟨hal-00914293⟩
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