Représentation mentale du timbre musical et effets de contexte. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 1999

Représentation mentale du timbre musical et effets de contexte.

Résumé

Nous reconnaissons sans peine les objets de notre environnement sonore quotidien. Les "images auditives" (McAdams, 1994), qui découlent du traitement de l'information acoustique qui parvient à nos oreilles, seraient le résultat d'un processus de reconnaissance à plusieurs étapes au cours duquel une représentation, basée sur le timbre de ces sons complexes serait construite. Cette thèse avait pour objet d'étude la représentation mentale du timbre musical ainsi que les effets de contexte susceptibles d'en influencer la structure. Les modèles spatiaux permettent de représenter la structure psychologique d'un ensemble de timbres dans un espace géométrique dont les axes sont interprétés comme étant les dimensions perceptives du timbre. Dans une première expérience nous avons observé un espace tridimensionnel dont les dimensions correspondaient au Logarithme du Temps de Montée de l'Enveloppe Temporelle des sons, au Centre de Gravité du Spectre et au Flux Spectral. Nous avons également montré que l'ajustement du modèle aux données expérimentales était meilleur si l'on prenait en compte la présence de traits et/ou dimensions propres à certains timbres et de différences individuelles suggérant que la saillance perceptive des différentes dimensions variait d'une classe d'auditeurs à l'autre. Dans une seconde expérience nous avons appliqué un modèle non spatial susceptible représenter des catégories de timbres naturels correspondant aux différents types de résonateurs et d'excitateurs. Nous avons observé que les catégories s'organisaient en partie sur la base du fonctionnement physique des objets sonores. Nous avons ensuite conduit trois expériences dont le but était l'évaluation des effets de contexte susceptibles d'influencer les relations de dissemblance entretenues par différents timbres le long des dimensions Log du Temps de Montée et Centre de Gravité du Spectre. Pour chacune des dimensions nous avons construit deux contextes dits "réduits" et un contexte dit "étendu". Les premiers correspondaient à un ensemble de sons présentant soit des temps d'attaque rapides ou lents soit des centres de gravité élevés ou bas. Les contextes étendus dans les deux cas correspondaient à l'ensemble des sons des deux contextes réduits. Nous souhaitions vérifier de façon qualitative les prédictions du modèle du contraste de Tversky (1977). Ce modèle prévoit qu'à l'extension du contexte correspond une augmentation de la similarité entre les objets communs aux contextes réduits et étendus qui serait soustendue par un changement dans l'organisation en catégorie des objets. Les résultats observés allaient partiellement dans le sens de cette prédiction : la dissemblance était significativement plus grande dans les contextes réduits que dans les contextes étendus mais la structure catégorielle restait stable à travers les contextes de présentation. La dimension liée au Log du Temps de Montée était plus affectée par le contexte que celle liée au Centre de Gravité du Spectre. Ces changements dans les relations de dissemblance pouvaient s'expliquer en partie par le principe d'étendue de la théorie "Etendue-Fréquence" proposée par Parducci (1973). Ces résultats suggèrent que la nature psychologique des différentes dimensions perceptives du timbre est hétérogène. Certaines semblent présenter une structure catégorielle alors que Résumé 3 d'autres semblent être plutôt de nature continue. Nous avons donc cherché à déterminer la nature psychologique de la dimension liée à la qualité d'attaque des sons, cette dimension étant plus aisément perçue comme ayant une structure catégorielle. Pour cela, nous avons calculé des interpolations de timbres de façon à créer un continuum allant de la perception d'un vibraphone frappé à un vibraphone frotté. Dans un premier temps les auditeurs devaient identifier ces timbres puis, dans un second temps, les discriminer. La fonction d'identification montrait que les auditeurs avaient bien classé les stimuli dans l'une ou l'autre des deux catégories testées. En revanche, la fonction de discrimination indiquait une bonne discrimination intra-catégorie ce qui nous indiquait que cette dimension pouvait être perçue de manière continue. La catégorisation semble donc être le résultat d'une frontière décisionnelle établie à un endroit précis du continuum perceptif. Les effets de contexte ont été évalués en présentant les sons des deux continua soit séparément soit ensemble. Nous souhaitions savoir si les sons étaient discriminés, identifiés et jugés (du point de vue de leur dissemblance perceptive) de façon différente en fonction du contexte. Nous avons observé que seule la tâche de jugement de dissemblance était affectée par le contexte. Ces résultats suggèrent non seulement que le timbre des sons complexes peut se définir selon un certain nombre de dimensions physiques le long desquelles les objets varieraient de façon continue, mais également qu'un tel espace est susceptible d'être divisé selon un certain nombre de régions représentant les différentes catégories. Le contexte est susceptible d'influencer cette structure mais seulement du point de vue de l'organisation des catégories au sein d'un tel espace sans pour autant changer la structure multidimensionnelle de celui-ci. En revanche, il semble que ce soit la saillance perceptive des dimensions du timbre qui soit influencée par le contexte.

Domaines

Psychologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00828766 , version 1 (31-05-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00828766 , version 1

Citer

Sophie Donnadieu. Représentation mentale du timbre musical et effets de contexte.. Presses Universitaires du Septentrion, Lille, pp.335, 1999. ⟨hal-00828766⟩
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