Négation et polémique chez Guillevic
Résumé
Guillevic fait un usage à la fois très polémique et très constructeur de la négation. La négation permet chez lui de contester des discours préalables et implicites, dans un corpus tissé de textes antérieurs, et clirement pris dans une chaîne interdiscursive. Mais la négation porte aussi sur le fonctionnement même du discours comme grille linguistique plaquée sur du vivant, dont la fonctionnalité est violemment dénoncée. L'effort poétique de Guillevic consiste à combattre le déni de réalité auquel la civilisation se livre par l'intermédiaire de ses manifestations langagières et linguistiques; à s'attaquer à l'establishment langagier, pour libérer le langage et retrouver un rapport au monde non médiatisé par une projection culturelle. L'ensemble de ses procédures d'écriture permet alors de proposer des formes de continuum entre régimes de référentialité qui tranchent nettement, et très polémiquement, avec les partages littérature/réalité; auteur/lecteur habituellement reconnus.