Blaise Cendrars entre tradition et antitradition
Résumé
Marinetti a sans doute placé un peu vite dans les rangs du futurisme mondial " le Sans Fil Blaise Cendrars " qui a pourtant mis un certain acharnement à récuser l'avant-gardisme. Cendrars se sent assez fils de ses œuvres pour reprendre sans états d'âme les délicatesses et l'érudition de la poésie fin de siècle (dans Séquences, Les Pâques) et rompre sans proclamation collective ses attachements. S'il prétend donner plus tard " la prose et les vers de Stéphane Mallarmé " pour les " 100 recettes pour accommoder les restes " de Gustave Le Rouge, Cendrars ne récuse pas les héritages (Dostoïevski ou Rubiner, par exemple) et semble plus attentif à rompre avec le culte du nouveau qu'à liquider les restes. L'opposition entre tradition et antitradition lui paraît assez faussée par les stratégies avant-gardistes pour qu'il réponde au " Manifeste de l'antitradition futuriste " d'Apollinaire en 1913 par une parodie furibonde qu'il ne publie pas. Au-delà des positionnements stratégiques et des blessures d'amour-propre ou des querelles de préséance dont Antoine Sidoti et Jean-Pierre Goldenstein ont jadis publié les dossiers, on confrontera aux Mots en liberté futuristes et aux Manifestes futuristes qui circulent en France la poétique du choc et du discontinu qui s'invente à la même époque dans les Poèmes élastiques et Le Panama ou les aventures de mes sept oncles .