Le dialogisme auto- et hétérophonique dans la genèse et la diffusion de la métaphore du héron cendré - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

Le dialogisme auto- et hétérophonique dans la genèse et la diffusion de la métaphore du héron cendré

Catherine Détrie
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 846128

Résumé

Pour rendre compte de la double dimension - cognitive et dialogique - du processus figural, je pars d'une hypothèse explicative de type matérialiste : tout discours (y compris le discours perçu comme figuré) manifeste non le rapport entre les mots et le monde mais le rapport de l'énonciateur au monde, qu'il exprime par des mots lui permettant d'ordonner les événements qu'il a envie de partager avec son coénonciateur, et de proposer une représentation linguistique de sa propre expérience du monde. Le réglage qui sous-tend la nomination perçue par le coénonciateur comme problématique (et qu'il reverse pour cette raison du côté de la figuralité) peut s'expliquer par la relation dialogique que le sujet entretient avec les réglages des autres sujets parlants, relation résultant de la représentation de rapports praxiques eux-mêmes différents : l'énonciateur, dans sa parole, articule une praxis sociale culturalisée (se manifestant par des réglages intersubjectivement stables) et une praxis person¬nelle, égocentrée, qui peuvent entrer en conflit. Ce travail de sélection à partir d'un rapport praxique au monde préparant la nomina¬tion est masqué dans les discours perçus comme non figurés, sémantiquement plus consensuels, puisqu'ils re¬conduisent certes dialogiquement, mais à partir d'un dialogisme non antagonique, du déjà dit et le confortent. Inversement, le discours perçu comme (plus) figuré construit une figuration personnelle du réel, qui entre en conflit avec une représentation plus conventionnelle, manifestant la primauté d'un rapport référentiel inédit du point de vue de l'énonciateur. C'est à partir de cette position explicative que je m'intéresse à la genèse et à la diffusion d'une métaphore, au départ perçue comme vive, maintenant enregistrée dans les discours médiatiques : celle du héron cendré, souvent reprise par les médias pour désigner Dominique de Villepin. Pour ce faire, je m'appuie sur la représentation linguistique construite par l'expression et son enracinement praxique du côté de son " inventeur " (un journaliste du Monde), avant d'aborder son adoption par ses confrères, mais aussi par les blogueurs, les lecteurs commentateurs, etc. Je tente de montrer comment l'hétérogénéité énonciative, fortement perceptible dans les premiers temps, l'est ensuite de moins en moins, la métaphore devenant au fil de sa circulation moins vive, le dialogisme conflictuel qui la sous-tendait s'estompant au fil de ses multiples emplois, de l'opacification du sens pour autrui à une pseudo-transparence et un consensus entérinant l'usure de la figure.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00700721 , version 1 (23-05-2012)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00700721 , version 1

Citer

Catherine Détrie. Le dialogisme auto- et hétérophonique dans la genèse et la diffusion de la métaphore du héron cendré. Calas F., Fromilhague C., Garagnon A.-M. et Susini L. Les figures à l'épreuve du discours. Dialogisme et polyphonie, PUPS, pp.125-137, 2012. ⟨hal-00700721⟩
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