Des silences, des cris et des hurlements
Résumé
Le parler des hommes est aussi fait de silences, de mots qui n'en sont pas, de mots qui échappent, de mots à signification perdue. Ainsi les auteurs ont-ils recherché les modes d'articulation et d'opposition entre les manifestations vocales et les manifestations verbales dans le langage humain. Mais ce travail devait les conduire sur le versant de la pathologie. Dans les maladies mentales, en premier lieu les psychoses, les manifestations vocales, cris, mots sans signification, hurlements sontune face importante de la symptomatologie (Ou plutôt étaient parce que les traitements modernes les ont quasiment fait disparaître). Effectivement, sous réserve d'être attentif à une inversion systématisée, on retrouve dans les maladies mentales toutes les manifestations observées (sur ce sujet) dans la vie de tous les jours. Celles qui s'expriment ici l'espace d'un instant, s'exprimeront là dans la durée ; ces actes vocaux qui échappent nvolontairement dans la vie courante sont intentionnellement proférés par les malades. Quoi qu'il en soit l'effet inhibiteur du mode vocal sur le mode verbal est une caractéristique commune au normal et au pathologique avec ce constat qu'il s'exerce chez les patients sur les paroles hallucinées. Chez eux donc, cet effet n'est pas subi mais recherché dans la mesure il protège des hallucinations, pouvant même constituer une condition de bien-être. Là où la personne normale choquée exprime par le cri un ressenti si intense que la réalité ne peut se faire prendre pour le réel, le psychotique recours au pouvoir antagoniste du mode vocal, redoutant de prendre pour le réel la réalité hallucinatoire.