Alternance et enseignement supérieur : quel rôle des situations de travail dans la formation
Résumé
Depuis 1987, la possibilité de former par apprentissage (au sens légal) est ouverte en France à l'enseignement professionnel supérieur (formation de techniciens supérieurs, ingénieurs et cadres). Le nombre et les effectifs de ces formations à ce niveau d'études n'ont jamais depuis cessé de progresser. Les résultats d'enquêtes quantitatives sur les trajectoires d'insertion des jeunes diplômés de ces formations montrent que ceux qui sont passés par l'apprentissage trouvent plus rapidement du travail que ceux qui ont suivi des voies plus académiques. Mais que se passe-t-il plus qualitativement dans ces formations initiales basées sur l'alternance école-entreprise ? En particulier, comment des situations de travail peuvent-elles devenir formatrices à ce niveau alors qu'elles ne sont pas d'abord organisées pour apprendre mais plus souvent optimisées pour des salariés de haut niveau d'expertise ? Quel rôle peut jouer le centre de formation sur ces situations qui échappent à son contrôle direct et comment se passe la coopération avec l'entreprise ? Ces questions n'ont guère été abordées par la recherche en éducation. Elles demeurent souvent un point aveugle pour les formateurs. Dans notre présentation, nous traiteront de ces questions partir d'une étude de cas menée sur une école d'ingénieur par alternance. Nous essaierons de montrer que ce type d'interrogation est propice à une ré-interrogation des séparations fréquentes entre situation de travail et situation de formation, développement cognitif et développement identitaire, milieu social et milieu technique. Ce travail pose aussi des questions théoriques et méthodologiques importantes qui pourront être débattues à la suite de cet exposé.