La première Normandie (Xe-XIe siècles). Sur les frontières de la haute Normandie: identité et construction d'une principauté
Résumé
Le point de départ du travail était une étude des frontières du territoire accordé à Rollon en 911. Vu des confins du duché, il apparaissait qu’un certain nombre de certitudes bien établies méritaient d’être rediscutées, en particulier le modèle d’une principauté dont le cadre territorial avait été très tôt stabilisé par un pouvoir ducal dont l’autorité était plus forte que dans d’autres principautés de même nature. La validité de ce modèle ne s’imposait pas d’elle-même et devait être rediscutée à la faveur d’un questionnement plus large sur les origines de la principauté de Rouen. Celui-ci était possible à partir d’une relecture des sources vivifiée par les acquis des perspectives anthropologiques ouvertes par les historiens depuis plus d’une vingtaine d’années. Cela permettait de s’interroger aussi sur l’une des originalités du duché de Normandie, puisqu’à la différence des autres fondations scandinaves en Occident, cette principauté réussit à s’inscrire durablement dans la durée et à s’intégrer à la civilisation de l’Europe postcarolingienne. L'étude des confins normands vers la Picardie et le pays chartrain au Xe siècle permettait d'insister sur le double caractère des frontières de la principauté rouennaise, à la fois frontière ouverte à l'expansion et marge soumise à des forces centrifuges. La maîtrise politique de la frontière au XIe siècle, enfin, privilégiait les rapports entretenus par la dynastie normande avec les principautés territoriales voisines et le roi de France, la mise en place des honneurs frontaliers, la société aristocratique établie sur les frontières du duché, les réalités et les limites du contrôle ducal sur les marges de la Normandie.