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Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Les "communs patrimoniaux" comme nouvelles ressources territoriales

François Pouthier
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 921392

Résumé

La définition du patrimoine a connu en Occident de fortes évolutions sémantiques. Au « res in patrimonio », la période révolutionnaire française a substitué le « res extra patrimonium », soit les biens universels devant échapper à toute aliénation privée. Ce passage du bien privé au bien d’intérêt général, de l’espace privé à l’espace public, a été analysé comme transformation d’une identité fondée sur une histoire passée, à une conception basée sur une culture commune. Le patrimoine peut donc s’analyser comme le résultat d’un processus social et politique de patrimonialisation, soit la transformation d’un objet en son double symbolique et universel Il s’agit là du passage progressif de la « conscience patrimoniale » à un « investissement patrimonial », d’une représentation à une action qui cache des logiques sociales, culturelles et politiques différentes Si cette « fièvre patrimoniale » marque le triomphe de la dimension politique et sociale du patrimoine, elle correspond également à un phénomène de mondialisation. Cette préoccupation est inscrite dans des textes internationaux, de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (Unesco, 1972) à celle et sur la valeur du Patrimoine culturel de Faro (Conseil de l’Europe, 2005). Le(s) patrimoine(s) épousent alors une dimension institutionnelle et politique ; une dimension sociocognitive et mémorielle avec la capacité de révéler le territoire aux personnes originaires, qui l’habitent ou qui y séjournent occasionnellement ; enfin une dimension sociale et identitaire où le(s) patrimoine(s) deviennent support de pratiques collectives. L’étude porte sur l’amphithéâtre gallo-romain de la ville de Saintes (Charente-Maritime, France, 24 200 habitants) et plus exactement à son « vallon des arènes » qui conjugue les oppositions entre puissance publique - ici la Ville et l’Etat - et usages sociaux - là les riverains, les habitants et les touristes. Il y a là évolution d’une production patrimoniale par le haut, celui des Etats et des experts, à une construction patrimoniale par le bas avec des références identitaires multiples. Ce patrimoine devient alors l’enjeu d’un construit politique - avec un caractère de bien public - et d’un construit social et culturel d’un groupe vivant dans un territoire - avec un caractère de bien commun –. Le(s) patrimoine(s) permettent alors d’éclairer les problématiques d’un aménagement culturel des territoires. La valeur du patrimoine n’y est plus basée sur sa seule beauté, ses aménités ou sa seule signification historique mais sur le construit social. A ce titre, ils sont à la fois un « produit » commercialisable du territoire) et une « ressource territoriale » à enjeux sociaux, environnementaux et économiques, ouvrant la voie notamment à d’autres formes de « tourisme créatif ». Pour autant, cette nouvelle évolution de la valeur patrimoniale en « communs » ne doit-elle pas être interroger au regard des droits humains et du dialogue interculturel si l’on veut lui conserver sens et éthique ?
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  • HAL Id : halshs-03360563 , version 1

Citer

François Pouthier. Les "communs patrimoniaux" comme nouvelles ressources territoriales : Le cas [conflictuel] du Vallon des Arènes de la ville de Saintes. Patrimoine et développement local, enjeux et défis, Ecole nationale d'architecture et d'urbanisme de Tunis, Mar 2019, El Jem, Tunisie. ⟨halshs-03360563⟩
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