Analyse du contexte d’installation d’élèves avec polyhandicap en classe : exemple de deux unités d’enseignement
Résumé
Introduction
La personne en situation de polyhandicap présente un dysfonctionnement cérébral entraînant des perturbations graves de l’efficience motrice, perceptive, cognitive et de la construction des relations avec l’environnement physique et humain. Dans ce contexte, la scolarisation de ces jeunes constitue un réel défi (Lyons & Arthur-Kelly, 2014), pour lesquels les professionnels de l’Education nationale sont encore peu outillés (Camberlein, 2013). La scolarisation de ces jeunes en France, malgré la loi de 2005, reste encore à la marge (DREES, 2018). Face à ces défis, des recherches ont montré que les aménagements proposés en classe (installation du jeune, posture et la proximité des partenaires de communication, aménagement de l’espace…) peuvent soutenir ou a contrario représenter une entrave aux possibilités de communication et d’interaction. Ces éléments constituent donc une étape indispensable à l’analyse de la mise en œuvre de la scolarisation (Arthur-Kelly, Bochner, Center & Mok, 2007). Nous nous interrogerons ici sur (1) comment sont installés neuf jeunes scolarisés au sein de deux unités d’enseignements ? (2) les jeunes sont-ils en mesure de voir ou de toucher les professionnels au sein de la classe ainsi que leurs pairs ?
Méthodologie
Nous présenterons une partie du projet de recherche Polyscol, centré sur l’analyse des processus d’apprentissage de neuf jeunes scolarisés au sein d’une unité d’enseignement, dans deux établissements médico-sociaux. Trois séances de classes ont été filmées (une par trimestre). Avec le logiciel d’annotation ELAN, nous avons codé pour une des séances filmées : (1) les modalités d’installation des neufs jeunes (et leurs changements) (2) la proximité de chacun des jeunes avec les différents professionnels intervenant dans la classe ainsi qu’avec leurs pairs.
Résultats
Sept jeunes sur neuf ne sont pas en mesure de toucher leurs pairs, et la plupart d’entre eux ne peuvent pas voir l’ensemble de leurs pairs. Certains jeunes sont la majorité du temps de classe en proximité ou contact physique avec un adulte (80% et plus). D’autres au contraire le sont beaucoup moins (30% et moins). L’installation et les appareillages nécessitent d’être réajustés en fonction des activités proposés ou de l’état du jeune.
Discussion
A travers l’analyse de ces deux contextes, nous questionnerons la difficulté pour les professionnels de soutenir les relations entre pairs pour ces jeunes. L’installation des jeunes étant repérée comme un premier élément permettant de rendre les apprentissages accessibles (libérer le regard, la main, ajuster la luminosité…), nous évoquerons la nécessaire collaboration entre l’enseignant et les professionnels du médico-social afin d’ajuster cette installation.