Symbolistes et décadents lecteurs des psychologues
Résumé
Si Huret distingue les " Psychologues " et les " Symbolistes " dans son Enquête sur l'évolution de la littérature, le discours psychologique a en réalité pénétré les sphères les plus artistes du champ littéraire. Les écrivains symbolistes et décadents fondent en effet leurs poétiques et leurs effets sur une vision particulière de l'esprit humain : lecteurs de Taine, de Théodule Ribot, de Fouillé, de Bergson, ils écrivent en prenant en compte l'idée d'un démembrement de la psyché, la conscience n'étant qu'un épiphénomène cachant un flux de sensations rendues cohérentes tant bien que mal par un esprit toujours au bord de la rupture. Si cette attitude est fortement marquée thématiquement (on ne compte plus les personnages malades mentaux chez Rachilde, Gourmont, Jarry, Schwob, Paul Adam...), elle implique également une conception particulière de la réception, qui influence la forme même de leurs écrits. Considérant leurs lecteurs comme des herméneutes paranoïaques atteints de " folie raisonnante " et vivants dans des univers mentaux clos et singuliers, ils instaurent d'autres manières de lire. Les postures de l'auteur changent : il devient clinicien (Gourmont, Huysmans), hypnotiseur (Jarry), capable d'exercer une influence magnétique sur l'esprit d'autrui pour tenter de lui rendre une unité perdue. L'œuvre d'art devient alors une forme de thérapie ; la synthèse tant cherchée par les symbolistes recouvre la volonté d'unifier les différents états mentaux traversés par l'esprit, en les notant fidèlement (c'est l'objet du vers libre pour Gustave Kahn, du flux de conscience pour Dujardin) ou en les fixant dans une structure définitive.
Domaines
Littératures
Fichier principal
SCHUH_Symbolistes_et_dA_cadents_lecteurs_des_psychologues.pdf (167.32 Ko)
Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)