Esprits de papier. Une histoire matérielle du travail savant à travers les brouillons de Viviani et Leibniz (ca. 1650-1700) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2018

Paper Minds. A Material History of Scholarly Work through the Working Papers of Viviani and Leibniz (ca. 1650-1700)

Esprits de papier. Une histoire matérielle du travail savant à travers les brouillons de Viviani et Leibniz (ca. 1650-1700)

Résumé

In November 1689, a brief Tuscan encounter between Leibniz and Galileo’s last disciple Vincenzio Viviani set the stage for the epistemological confrontation of a symbolic ‘blind thought’ and the Florentine visual culture. Arguing about many problems of mechanics, hydraulics, and geometry stemming from Galileo’s intellectual as well as material heritage, the scholars shared two very different perspectives on the intricacies of a nascent physicomathematics at the crossroad of natural philosophy, mixed mathematics, and mechanical arts. In order to better understand the cultural peculiarities at the root of such a conflict of sensibilities, the present dissertation proposes to unveil the many networks of writings – scrips and drafts, scribbles and working papers, correspondences, and reading notes – underlying the published printed works of both savants. Delving into their personal archives and focusing on the materiality of working notes conceived of as paper tools, it becomes possible to shed light on the making of theory by tracing the multifarious material practices underpinning any intellectual operation. Words that do not form sentences, sentences that do not form texts, crossing-outs, symbols, figures, drawings, and schematics bear witness of a mindful hand and a handy mind jointly elaborating worlds on paper. Building on a hermeneutics of such handwritten inscriptions scattered on these early-modern folios, this archaeology of Viviani and Leibniz’s paper minds will question the long-inherited dichotomy between épistémè and tekhnè by unravelling the practice-ladenness of physico-mathematical theorizing. While underlining the similarities and discrepancies in the cognitive practices lying at the foundations of two forms of thought, this material history of savant work seen through the working papers of Viviani and Leibniz eventually understands knowledge as a production of meaning: a dynamical process woven from archival science, authorial strategies, rhetorical arguments, inscriptions making, drawings, and symbolics.
En novembre 1689, la rencontre à Florence entre Leibniz et Vincenzio Viviani, dernier disciple de Galilée, fut le lieu d’une tension épistémologique entre une ‘pensée aveugle’ hautement symbolique et la culture visuelle florentine. Discutant de nombreux problèmes de mécanique, d’hydraulique et de géométrie provenant de l’héritage intellectuel et maté- riel de Galilée, les savants partageaient deux perspectives très différentes sur les tenants et les aboutissants d’une physico-mathématique naissante à la croisée de la philosophie naturelle, des mathématiques mixtes et des arts mécaniques. Afin de mieux comprendre les particularités culturelles dans lesquelles ce conflit de sensibilités s’enracine, la présente thèse se propose de dévoiler les nombreux réseaux d’écri- tures – feuilles volantes et brouillons, griffonnages et papiers de travail, correspondances et notes de lectures – qui sous-tendent les imprimés publiés par les deux savants. En plongeant dans leurs archives personnelles et en s’intéressant plus particulièrement à la matérialité des notes de travail envisagées comme outils de papier, il devient possible de pénétrer la fabrique de la théorie et observer les multiples pratiques matérielles qui conditionnent la possibilité de toute opération intellectuelle. Ces feuillets sur lesquels sont jetés des mots qui ne forment pas des phrases et des phrases qui ne forment pas des textes, des ratures, des symboles, des figures, des dessins ou des schémas témoignent de l’activité conjointe d’une main pensante et d’une pensée manuelle dans la construction de mondes sur le papier. Une telle archéologie des esprits de papier de Viviani et Leibniz, prenant appui sur une herméneutique des inscriptions qui émaillent leurs folios, permettra alors de questionner la dichotomie séculaire qui oppose toujours épistémè et tekhnè grâce à l’analyse de la dépendance pratique et matérielle de l’activité théorique en physico-mathématique. Tout en soulignant les similarités et les divergences dans les pratiques cognitives au cœur de deux formes de pensée distinctes, cette histoire matérielle du travail savant à travers les brouillons de Viviani et Leibniz envisage le savoir comme production de sens : un processus dynamique tissé de savoir- faire archivistique, stratégies auctoriales, arguments rhétoriques, inscriptions, dessins et de symbolique.
Fichier non déposé

Dates et versions

tel-03715671 , version 1 (06-07-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03715671 , version 1

Lien texte intégral

Citer

Simon Dumas Primbault. Esprits de papier. Une histoire matérielle du travail savant à travers les brouillons de Viviani et Leibniz (ca. 1650-1700). Sciences de l'Homme et Société. European University Institute; EHESS, 2018. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-03715671⟩
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