Le smartphone, caméra amateur des professionnels
Résumé
Si le smartphone est devenu aujourd’hui la caméra « amateur1 » la plus
utilisée, depuis la chute des ventes des appareils photo et caméras numériques
en 20102, certain·e·s réalisateur·rice·s l’utilisent pour des tournages professionnels.
Les développements qui suivront s’attacheront donc à explorer les
enjeux de cet usage cinématographique de la caméra de smartphone, en
montrant à la fois comment il s’inscrit dans le mouvement général de la
« révolution numérique » et comment il peut fonctionner comme un pas de
côté par rapport à celui-ci. Pourquoi est-ce justement ce qui distingue le
smartphone d’une caméra professionnelle qui intéresse les cinéastes ? Nous
verrons d’abord comment les cinéastes de fiction peuvent tirer profit de la
non-association du smartphone à une caméra professionnelle, de sa mobilité et
sa discrétion, à partir de l’étude du film Tangerine de Sean Baker (2015), dans
lequel le cinéaste, comme Virgil Vernier avec Sapphire Crystal (2019), joue avec
le grain particulier de l’image de smartphone, qui peut rappeler celui de la
pellicule. Puis, nous montrerons comment la familiarité avec le smartphone est
investie par le cinéma documentaire contemporain, à travers les exemples de
Selfie d’Agostino Ferrente (2019) et Article 15 de Marie Reinert (2020). Nous
verrons enfin comment le smartphone peut être l’outil d’une esthétique du
bricolage et du fait-maison, en reprenant certains codes ou astuces des
pratiques amateurs, avec Détour de Michel Gondry (2017) et Le Kiosque
d’Alexandra Pianelli (2020).
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