Perles, peignoirs et perruques : Sacha Guitry ou la petite histoire sur grand écran
Résumé
En tant que cinéaste, Sacha Guitry ménage une large place à la petite histoire. Ce matériau négligé/négligeable lui permet d’avoir les coudées franches à l’égard de la fable et du récit historiques. De fait, l’approche de menus faits historiques s’accompagne d’un phénomène double d’amplification romanesque et d’émiettement narratif : c’est bel et bien une histoire « perlée ». De surcroît, Guitry privilégie volontiers la dimension intime, voire bassement domestique de l’histoire. Cette incarnation/humanisation donne de l’épaisseur et du relief aux grandes figures glacées de l’histoire des manuels. Elle permet également à Guitry de servir autrement ses brillantes scènes de comédie sentimentale ou conjugale. Nuance salutaire du « grand récit », la petite histoire est non seulement plaisante, mais hautement signifiante. À la fois emblématique et contrastive, elle ne peut se séparer de la grande histoire, car elle la révèle et la module dans le même temps.