Les voix acousmates de la poésie sonore - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

Les voix acousmates de la poésie sonore

Résumé

La notion de « voix acousmate » a, pour les études littéraires, une triple implication. La première est celle de l’immatérialité de la source énonciative, comme le rappelle la définition du substantif « acousmate » (« bruit de voix humaines ou d'instruments qu'on s'imagine entendre dans l'air »). La deuxième, concomitante, est celle du retrait du corps, comme l’indique le Dictionnaire de la musique qui décrit la musique acousmatique comme une « situation d’écoute où l’on entend un son sans voir les causes dont il provient », rappelant que le mot grec άκουσματικοί « désignait autrefois les disciples de Pythagore, qui écoutaient leur maître enseigner derrière une tenture ». Enfin la troisième suppose l’analyse textuelle de ces sons énigmatiques, entre voix célestes, essentialisation silencieuse et incorporation sub-langagière. Ainsi, l’étude de cette oralité du texte, qui n’est ni discursive ni narrative, porte notamment attention à la ponctuation, à la prosodie et à la typographie, soulignant par là même, au risque de céder à un certain « fétichisme » faisant de la voix « le point sublime de l’écriture », le « peu de rapport entre voix entendue et voix écrite » (J.-P. Martin). Dès lors le projet d’examiner la notion de voix acousmate à l’aune de la poésie sonore peut sembler relever du défi. Celle-ci en effet, dont nous adoptons, à la suite de Bernard Heidsieck, une définition extensive, désigne des poésies usant du magnétophone et des outils électroacoustiques comme moyens d’enregistrement et d’écriture vocaux (sémantique, phonétique, bruitiste) et d’autres qui optent pour une oralité auctoriale faisant de la « publication orale » « le stade ultime de l’écriture » (M. Métail). Elle implique donc des voix matériellement entendues, incarnées dans la présence physique du poète et a priori inscrites en dehors de l’imprimé ; autant de traits définitoires situés aux antipodes de ceux de la voix acousmate. Pourtant, il nous semble qu’il y a lieu d’interroger cette antinomie, dans la mesure où d’une part elle s’impose avec la force de l’évidence et, de l’autre, où elle structure la question de la voix dans le champ poétique en plaçant volontiers dos à dos les poètes en quête de la « voix-de-l’écrit » (C. Prigent) et ceux qui feraient de la voix un « usage “spectaculaire” » et « exclu[raient] l’écrit au profit de l’oralité » (J. Roubaud). Considérant qu’il y a lieu de distinguer le « procédé général de symbolisation » (R. Debray), en l’occurrence l’écrit et l’oral, de son objet même (la voix acousmate), nous souhaiterions d’une part nuancer cet antagonisme en articulant la question de l’inscription des voix acousmates de la poésie sonore à celle de leurs dispositifs médiatiques et de leurs scènes énonciatives afin, d’autre part, d’en dresser une typologie. Pour ce faire, nous nous appuierons principalement sur les œuvres de Christian Prigent, François Dufrêne, Henri Chopin et Bernard Heidsieck.
Fichier principal
Vignette du fichier
ROYERE_Voix_Acousmates_poesie_sonore.pdf (274.74 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03283047 , version 1 (10-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03283047 , version 1

Citer

Anne-Christine Royère. Les voix acousmates de la poésie sonore. Sylvie Bauer, Claudia Desblaches, Claude Jamain (dir.). Des voix acousmates en littérature. Actes du colloque organisé par Sylvie Bauer et Claudia Desblaches, université de Rennes 2, 6-8 septembre 2017, Presses universitaires de Rennes, p. 49-65, 2021, 978-2-7535-8224-8. ⟨hal-03283047⟩
65 Consultations
3 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More