De la philia d’Aristote au haver et sadeeq chez Maïmonide : sur l’importance de l’amitié pour l’excellence politique et la perfection intellectuelle
Abstract
Aristote pointe du doigt vers une expérience amicale qui est porteuse, dans son essence même, d’une disposition à la simultanéité de deux comportements opposés : on souhaite à celui qui est notre ami, à la fois et en même temps, le plus grand des biens, mais paradoxalement, on souhaite aussi qu’il reste notre ami, donc qu’il ne change pas trop. Dès lors, ne faut-il pas s'interroger : n'y a-t-il pas alors dans l’amitié un arrière-fond pharmacologique ? Or, notre réflexion sur la question de l’amitié chez Aristote et Maïmonide ouvre la voie vers une compréhension plus approfondie du refus à la fois aristotélicien et maïmonidien de penser l’autosuffisance sans les amis : par l’amitié on s’approche aussi de la présence permanente. On peut dire que l’amitié rend possible ce qui autrement nous est refusé en tant qu’hommes. Elle permet et élève
l’humanité. Ainsi, Maïmonide, en tant que lecteur attentif de l’Éthique à Nicomaque, semble prendre très au sérieux la question qui émerge de la réflexion aristotélicienne sur la philia : comment est-ce que l’amitié permet à l’homme de croître, de prospérer, voire de s’élever vers ce
qui autrement lui est refusé en tant qu’homme ? Il semble même faire sienne la question. On comprend alors que l’amitié en termes aristotéliciens-maïmonidiens oeuvre divinement à l’échelle de l’homme pour le rapprocher – le plus qu’il lui sera possible – de la présence
permanente. De plus, l’expérience amicale est aussi une expérience politique – commune – appuyant le bonheur.
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