"Toujours l’inattendu arrive. À propos de la première séquence de Scream" - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Simulacres Année : 1999

"Toujours l’inattendu arrive. À propos de la première séquence de Scream"

Résumé

Une jeune fille seule, dans une grande maison isolée, reçoit un appel téléphonique anonyme en pleine nuit : les premiers plans de Scream présentent d’emblée le film comme un exercice de reprise, s’appuyant sur une situation stéréotypée, où l’intertextualité participe directement à l’élaboration de la peur. La narration et le dispositif filmique mis en place par Wes Craven s’organisent ainsi autour d’une stratégie de la ressemblance et de la différence qui permet d’articuler effets de reconnaissance et effets de surprise. L’intérêt de cette approche réside d’ailleurs dans la volonté du cinéaste d’intégrer ce principe à l’histoire qu’il raconte – celle d’un groupe d’adolescents, passionnés par le cinéma d’épouvante, et poursuivis par un tueur qui en connaît lui aussi parfaitement les règles, ses meurtres apparaissant comme la reproduction de scènes empruntées à certains "classiques" du genre – et surtout à la mise en scène ; si chaque image convoque plus ou moins directement le souvenir (ou le reflet) d’une autre image, si la plupart des figures de montage renvoient à leur utilisation spécifique dans tel ou tel film-référence, si presque tous les plans mettent en jeu une forme ou une autre de mise en abyme (abondance des vitres-miroirs, multiplication des cadres secondaires, conversations sur le cinéma), le réalisateur reste néanmoins essentiellement attaché à l’efficacité de son récit : tout se (re)passe donc toujours comme si c’était la première fois. La séquence initiale constitue, à cet égard, la plus démonstrative du film. En posant (littéralement) la règle du jeu, en faisant proliférer les citations ou les emprunts (When a Stranger Calls, Halloween, Psycho, Friday the 13th, A Nightmare on Elm Street), ainsi que les objets-fétiches de la peur au cinéma (le téléphone, le couteau, le masque, ou même le pop-corn), le parcours apparemment balisé que propose cette scène s’ouvre bien sur une démonstration rigoureuse : c’est de la réitération obsessionnelle des effets, des situations, des formes et des figures emblématiques du genre que dépend sa réussite.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03249818 , version 1 (04-06-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03249818 , version 1

Citer

Francisco Ferreira. "Toujours l’inattendu arrive. À propos de la première séquence de Scream". Simulacres, 1999, Filmer la peur, 1, p. 118-123. ⟨hal-03249818⟩
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