Le monachisme comme alternative au mariage Le cas des nonnes tibétaines d’une région nomade du Kham - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2009

Le monachisme comme alternative au mariage Le cas des nonnes tibétaines d’une région nomade du Kham

Résumé

Au Tibet, depuis deux décennies, le nombre de monastères de femmes et leurs effectifs ne cessent de croître. D'est en ouest, comme dans les terres d'exil, de nouveaux monastères ont été construits et d'anciens réinvestis. Ces communautés religieuses sont de taille beaucoup plus importante qu'autrefois : alors qu'elles n'hébergeaient par le passé que quelques dizaines de religieuses en moyenne, elles comptent une centaine de nonnes pour la région de Lhasa et plusieurs milliers dans deux campements religieux à l'est du Tibet 1. Devant ce constat, on se demande pourquoi les femmes tibétaines montrent aujourd'hui un tel intérêt pour la vie monastique. Dans cet article, il s'agira d'examiner pourquoi la vie religieuse présente de nos jours une alternative à la vie laïque de certaines femmes, puis de voir quelles sont leurs stratégies. Un point commun qui ressort des études sur les divers monachismes féminins de par le monde est que les femmes embrassent souvent la vie religieuse pour éviter le mariage. Dans certaines cultures, le monachisme était (et est encore) sans doute la seule alternative noble au mariage notamment pour les femmes qui, dans leurs sociétés respectives, sont tenues d'assumer le rôle de reproductrices bon gré, mal gré. Néanmoins, les raisons qui poussent ces femmes, ou les familles à renoncer au mariage de leurs fi lles, varient dans le temps et dans l'espace. Elles diffèrent en fonction de la classe sociale à laquelle ces femmes appartiennent et de facteurs extérieurs comme l'économie, la politique matrimoniale et le système éducatif en vigueur. Aux XVI e et XVII e siècles en France, par exemple, peu de femmes rejoignaient les rangs des ordres car, à cette époque, c'était une affaire coûteuse d'envoyer sa fi lle au monastère. Par conséquent, les couvents accueillaient seulement les fi lles issues du patriciat (Duby et Perrot, 1991 : 123). La prolifération des congrégations religieuses en France de la fi n du XVIII e siècle jusqu'au début du XX e siècle alla, entre autres, de pair avec la popularisation du recrutement monastique (Langlois, 1984 : 39). Au Tibet traditionnel, la politique matrimoniale contribua largement au recrutement monastique, mais c'était davantage le cas pour les hommes. Les parents plaçaient généralement au moins un fi ls au monastère pour éviter la fragmentation de l'héritage et pour assurer un lien durable avec ces institutions qui déterminaient une grande partie de la vie politique, économique et intellectuelle du pays. La population monastique était par conséquent élevée : 10 % à 15 % des hommes devenaient moines selon M. C. Goldstein, ce qui
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Citer

Nicola Schneider. Le monachisme comme alternative au mariage Le cas des nonnes tibétaines d’une région nomade du Kham. Moines et moniales de par le monde. La vie monastique au miroir de la parenté, pp.279-292, 2009. ⟨hal-03210314⟩
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