« Suite à la suite de quoi, une mère me nomma » : Valère Novarina, portrait d’un théâtre en enfant
Résumé
Il pourra sembler inattendu d’aborder l’oeuvre de Valère Novarina par la focale de l’enfant : point d’effort, à travers son médium théâtral ou critique, pour reconstituer une enfance perdue dont on serait incapable de sortir ou de s’en sortir, point de fantasme non plus sur les premières années de la vie (quand bien même une mytho-biographie s’est d’ores et déjà constituée au fil de ses entretiens ou de ses écrits). Pour autant, l’oeuvre (publiée ou scénique) renvoie à la question de l’enfance : ne serait-ce que parce qu’elle s’attèle à ce qui précède le sens, inaugure plus qu’elle ne clôt, propulse dans une forme de turbulence, s’exalte dans la répétition, privilégie la vitalité, l’agitation, voire la surenchère, fait le pari aussi de l’immédiateté, de la spontanéité, du refus, de la désobéissance. Nous poussant hors des gonds d’un âge trop adulte, elle n’a de cesse d’être dans un appétit de questionnement, elle ne s’éprouve que dans un plaisir oral, une joie de la traversée des mots et des sons, un ludisme prononcé. Mais au-delà de cette dynamique de l’écriture, à la faveur de quels motifs – des espaces de l’enfance (à commencer par Thonon) aux langues dites « nourricières » imprimant leur empreinte aussi bien visuellement qu’auditivement, en passant par les innombrables figures d’enfants jusqu’aux multiples récits de naissance (et de mort) qui prolifèrent – est-il possible de portraiturer un théâtre en enfant ? Serions-nous, au contact de la langue novarinienne, comme des « enfants, captifs profonds, qui jouent avec le goût de la poussière à la bouche» ?
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)