Parler, écrire : La Bruyère analyste d'une disproportion
Résumé
Qui d'entre nous n'a pas éprouvé dans la vie courante, au hasard d'une conversation, d'un dialogue, d'une discussion, un besoin irrépressible de parler, une sorte de force, de pulsion, un entraînement qui nous a poussé bien au delà des bornes qu'on s'était fixées, nous conduisant parfois à dire des choses étranges, incongrues, malséantes, voire susceptibles de nous desservir, ou au contraire neuves, fines, incroyablement créatives, et qu'on n'aurait jamais imaginé être capables de penser ? Et qui n'a pas, en parallèle, éprouvé une difficulté insurmontable à écrire, une incapacité à concentrer cette énergie dès lors qu'il s'agit de coucher ses idées sur le papier, un sentiment que celles-ci résistent, qu'elles n'ont plus aucun pouvoir, que soi-même, on devient lourd, laborieux, sans imagination ? C'est à ce phénomène que nous voudrions nous intéresser ici, sous la forme du moins dont il a été décrit par La Bruyère. A côté du "moraliste", on trouve en effet chez La Bruyère un écrivain professionnel , un professionnel de l'expression, et des relations entre pensée et langage. Selon lui, ce phénomène s'explique par l'idée d'une différence foncière entre réalisation écrite et réalisation orale de la langue, entre production d'écrit et production d'oral. Cette réflexion, qu'on retrouve chez beaucoup d'
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