Liberté, privilège et centralisation
Résumé
« Pour un compositeur, il n’y a guère qu’une route à suivre pour se faire un nom : c’est le théâtre. Le théâtre est un lieu dans lequel on trouve chaque jour l’occasion et le moyen de parler au public : c’est une exposition quotidienne et permanente ouverte au musicien. » Dans ce passage célèbre de ses Mémoires, Gounod rappelle en 1876 une analogie déjà classique : le théâtre est au compositeur ce que le musée est au peintre. Pourtant, il est encore plus difficile d’être joué au premier qu’exposé au second, alors que le théâtre peut être considéré comme une véritable industrie au XIXe siècle, produisant 32 000 pièces à Paris entre 1800 et 1900. Comment rendre compte d’un tel paradoxe apparent ? Pour y répondre, cette contribution analyse d’abord le cadre juridique de cette intense activité théâtrale et les débats qui l’animent, avant de s’interroger sur la place écrasante de la capitale dans la vie théâtrale en France.