Les premières journées du Décaméron, beaucoup plus dynamiques que les dernières du point de vue des déplacements des personnages, sont propices à une analyse typologique du chronotope de l’aller-retour dans le Centonovelle. Cette étude permet de mettre en lumière ce chronotope, en tant qu’élément révélateur des significations émergeant à partir d’une lecture transversale du recueil. Le discours de Pampinea aux jeunes filles dans l’église Santa Maria Novella démontre la nécessité du départ d’une Florence pestiférée et en proie à la corruption. Sortir de Florence n’est pas tant une question de survie physique, mais plutôt éthique (en effet, on meurt à la campagne comme en ville, mais en ville la dégradation des mœurs constitue pour les jeunes filles un spectacle insoutenable) et devient peu après sera la condition même de la narration. Dès le début du Decameron, le congé des personnages se situe ainsi sous le signe de la raison, qu’il s’agisse des narrateurs eux-mêmes ou des protagonistes des nouvelles, mais également de la capacité à saisir l’aspect positif d’une situation apparemment sans issue. Inversement, les départs « senza consiglio » du protagoniste, fâché à cause d’un tort réel ou supposé, ou décidés sans aucun plan préalable, donnent lieu aux péripéties des personnages et à leur difficile ascension vers le rachat final. Les départs inconsidérés s’accompagnent par ailleurs souvent de retours tout autant stériles et vains. A côté des adieux des personnages, quelles que soient leurs motivations, il faut également considérer les congés manqués, qui repoussent le dénouement de l’intrigue en le chargeant de significations symboliques. Il ne faudra pas oublier non plus les départs qui ne sont pas couplés à un retour et qui semblent – mais il ne s’agit là que d’une apparence, nous le verrons – remettre en question le chronotope de l’aller-retour dans le recueil.
Le chronotope de l'aller-retour dans le Décaméron
Résumé
Les premières journées du Décaméron, beaucoup plus dynamiques que les dernières du point de vue des déplacements des personnages, sont propices à une analyse typologique du chronotope de l’aller-retour dans le Centonovelle. Cette étude permet de mettre en lumière ce chronotope, en tant qu’élément révélateur des significations émergeant à partir d’une lecture transversale du recueil.
Le discours de Pampinea aux jeunes filles dans l’église Santa Maria Novella démontre la nécessité du départ d’une Florence pestiférée et en proie à la corruption. Sortir de Florence n’est pas tant une question de survie physique, mais plutôt éthique (en effet, on meurt à la campagne comme en ville, mais en ville la dégradation des mœurs constitue pour les jeunes filles un spectacle insoutenable) et devient peu après sera la condition même de la narration.
Dès le début du Decameron, le congé des personnages se situe ainsi sous le signe de la raison, qu’il s’agisse des narrateurs eux-mêmes ou des protagonistes des nouvelles, mais également de la capacité à saisir l’aspect positif d’une situation apparemment sans issue.
Inversement, les départs « senza consiglio » du protagoniste, fâché à cause d’un tort réel ou supposé, ou décidés sans aucun plan préalable, donnent lieu aux péripéties des personnages et à leur difficile ascension vers le rachat final. Les départs inconsidérés s’accompagnent par ailleurs souvent de retours tout autant stériles et vains.
A côté des adieux des personnages, quelles que soient leurs motivations, il faut également considérer les congés manqués, qui repoussent le dénouement de l’intrigue en le chargeant de significations symboliques. Il ne faudra pas oublier non plus les départs qui ne sont pas couplés à un retour et qui semblent – mais il ne s’agit là que d’une apparence, nous le verrons – remettre en question le chronotope de l’aller-retour dans le recueil.