La culture matérielle de l’expérience de l’horreur. Possibilité et impossibilité de la représentation expographique de la guerre
Résumé
L’exposition d’artéfacts de guerre associés à l’horreur et à des atrocités entre dans le cadre de ce que les géographes ont nommé́ le patrimoine obscur. Une question se pose à tous les musées et musées-mémoriaux présentant des massacres sous forme de génocide ou de guerre : celle de la manière d'articuler leur historicisation et ce qu’ont vécue sels victimes pris dans l’horreur. D’un côté une exposition sur la guerre doit rendre compte des contextes et des processus historiques qui ont entraîné la souffrance et l’agonie des individus. En même temps elle doit rendre justice cette réalité sans rabattre la souffrance et l’agonie sur ses significations culturelles, politiques et sociales. La problématique est celle de l’opposition entre la réflexion historienne et l’imagination empathique. La culture matérielle qui donne une information historique est insuffisante pour montrer ce qu’ont vécu des soldats. Cela est transmis par la culture sensible qui invite à l’imagination et l’empathie plutôt qu’à l’attention réflexive. Cependant, une telle expérience donne aux visiteurs l’illusion de comprendre l’horreur. Pour répondre à cette critique sans renoncer à aller au-delà de l’explication historique, les musées d’histoire ont développé plusieurs stratégies afin de montrer que l’expérience des victimes de la guerre est irreprésentable.