La photographie d'Hervé Dangla : un lieu d'interculturation
Résumé
Dans le présent dont nous sommes les agents et patients discriminables sous les termes ego, hic et nunc, nous vivons la médiation, notamment interculturelle, comme une réalité qui nous est désormais immanente et qui conditionne nos existences modernes, de plus en plus circonscrites dans un espace-temps où la proximité de l'Autre se présente comme l'alternative au dépassement réciproque de Soi. Conscients de cette opportunité, de cet humanisme renouvelé, nous l'avons érigée au rang objet d'étude parcouru maintenant par un ensemble de concepts issus des différents champs des sciences humaines. Pourtant, et sans en faire ici l'historique, la médiation interculturelle est une réalité ancienne, parfois tombée dans l'oubli par confort ou par crainte. Or, comme en atteste toute l'aventure humaine, elle s'accomplit par des échanges de diverses natures, des plus concrets aux plus allégoriques, entre des cultures de structures différentielles. Ces échanges, pragmatiques et/ou symboliques, élargissent nos consciences, nos connaissances, nos pratiques et conséquemment notre vision du monde ; ils ont donné lieu, et encore aujourd'hui, à des dialectiques insoupçonnées, illustrant cette capacité à (s') adapter, à (s') inventer ou (se) réinventer à l'intérieur de territoires de formes et de fonctions conformes à leurs contingences novatrices. Bon nombre de cultures, si ce n'est dorénavant toutes devant la culture de masse et l'explosion des moyens de communication actuels, portent en elles la signature de ces rencontres qu'elles ont su ajuster, voire contraindre à leur(s) réalité(s) à la suite d'un processus qui s'élabore de manière vectorielle par assimilation/accommodation, dont la jonction consiste en un aménagement appelé adaptation. Ce matériau théorique nous permet de visualiser la dynamique de cette médiation en mettant en relief son mode de fonctionnement et ses enjeux ; en posant un cadre tout en modélisant les étapes interactionnelles qui la jalonnent. Ce substrat, autrement décrit dans le champ de la médiation culturelle par Jean Caune, prend aussi les traits d'un modèle triadique lui servant à explorer les mécanismes médiationnels inhérents au phénomène culturel des arts, et conçu autour de ce qu'il nomme la triple métaphore du contact, du lien, de la brèche. Ces modèles, fondés sur trois pôles, calquent le principe même de la sémiose telle qu'elle a été décrite par Peirce, ou encore s'apparentent au modèle du signe linguistique tel qu'il a été présenté, entre autres, par Klinkenberg. Si les paradigmes diffèrent parce qu'ils appartiennent à des champs distincts, la matière radiographiée est néanmoins commune, la seule variable dépendant alors de l'approche qui lui est consacrée. Ainsi, psychanalyser la médiation interculturelle, notamment à travers l'épiphénomène artistique, objet de notre débat, demande d'examiner la pertinence du modèle tripolaire qu'elle exploite ; d'identifier les éléments de cet ensemble tripartite organisateur de dialectiques ; d'éclairer certaines notions clés qui alimentent ces dialectiques, telle celle complexe de culture, revue à travers celle de texte ; de mettre enfin à jour les étapes précises du parcours qui aspire au rapprochement et favorise l'échange de savoirs transitant nécessairement par la parole, quelles qu'en soient la forme et les modalités. Là se situe toute l'entreprise que nous proposons en commençant par une lecture non exhaustive de quelques photographies réalisées par Hervé Dangla, dont le sujet contient les traces d'une transculturation visant manifestement une interculturation. En approchant les photographies d'Hervé Dangla comme nous le proposons, il va sans dire que nous prenons sans doute des options subjectives. Mais nous voulons justement les explorer, parce qu'elles révèlent la source même d'une interculturation née du phénomène
Fichier principal
LA PHOTOGRAPHIE D'HERVE DANGLA UN LIEU D'INTERCULTURATION.pdf (459.25 Ko)
Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...