Effets de la contamination chronique à l'uranium sur la mortalité Bilan d'une étude-pilote chez les travailleurs de l'industrie nucléaire en France - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Epidemiology and Public Health = Revue d'Epidémiologie et de Santé Publique Année : 2014

Effects of chronic uranium internal exposure on mortality Results of a pilot study among French nuclear workers

Effets de la contamination chronique à l'uranium sur la mortalité Bilan d'une étude-pilote chez les travailleurs de l'industrie nucléaire en France

Résumé

Background This article presents the mortality data compiled among a cohort of workers at risk of internal uranium exposure and discusses the extent to which this exposure might differentiate them from other nuclear workers. Methods The cohort consisted of 2897 Areva-NC-Pierrelatte plant workers, followed from 1st January 1968 through 31st December 2006 (79,892person-years). Mortality was compared with that of the French population, by calculating Standardized Mortality Ratios (SMR) and 95% confidence intervals (CI95%). External radiation exposure was reconstructed using external dosimetry archives. Internal uranium exposure was assessed using a plant-specific job-exposure-matrix, considering six types of uranium compounds according to their nature (natural and reprocessed uranium [RPU] and solubility [fast-F, moderate-M, and slow-S]). Exposure-effect analyses were performed for causes of death known to be related to external radiation exposure (all cancers and circulatory system diseases) and cancer of uranium target-organs (lung and hematopoietic and lymphatic tissues, HLT). Results A significant deficit of mortality from all causes (SMR=0.58; CI95% [0.53-0.63]), all cancers (SMR=0.72; CI95% [0.63-0.82]) and smoking related cancers was observed. Non-significant 30%-higher increase of mortality was observed for cancer of pleura (SMR=2.32; CI95% [0.75-5.41]), rectum and HLT, notably non-Hodgkin's lymphoma (SMR=1.38; CI95% [0.63-2.61]) and chronic lymphoid leukemia (SMR=2.36; CI95% [0.64-6.03]). No exposure-effect relationship was found with external radiation cumulative dose. A significant exposure-effect relationship was observed for slowly soluble uranium, particularly RPU, which was associated with an increase in mortality risk reaching 8 to 16% per unit of cumulative exposure score and 10 to 15% per year of exposure duration. Conclusion The Areva-NC-Pierrelatte workers cohort presents a non-significant over-mortality from HLT cancers, notably of lymphoid origin, unrelated to external radiation exposure. The pilot study suggests an association between mortality from the HLT and lung cancers and exposure to slowly soluble RPU compounds. The results of this study should be investigated further in more powerful studies, with a dose-response analysis based on individual assessment of uranium absorbed dose to uranium-target organs.
Position du problème. Plusieurs études ont été réalisées chez les travailleurs du nucléaire français sur les effets de l’exposition externe aux rayonnements ionisants (RI). Une étude-pilote des effets de l’exposition interne à l’uranium sur la mortalité a été lancée en 2005. Les résultats de cette étude sont présentés et comparés à ceux des autres études des travailleurs du nucléaire. Méthodes: La cohorte de 2897 travailleurs de l’établissement Areva-NC-Pierrelatte a été suivie du 1er janvier 1968 jusqu’au 31 décembre 2006 (79 892 personnes-années). Sa mortalité est comparée à celle de la population française en calculant les SMR (« Standardized Mortality Ratio ») et les intervalles de confiance à 95 % (IC95 %). L’exposition externe aux RI est reconstituée via les archives dosimétriques. L’exposition à l’uranium est reconstituée via une matrice emplois-exposition. Six types d’uranium sont considérés selon leur isotopie (uranium naturel et uranium issu du retraitement, URT) et leur solubilité (forte-F, modérée-M et faible-S). L’analyse du lien entre les expositions et la mortalité porte sur les causes de décès associées aux RI (cancers et maladies du système circulatoire) et les cancers des organes-cibles de l’uranium inhalé (poumons et tissus lymphatique et hématopoïétique, TLH). Résultats: La cohorte présente une sous-mortalité toutes causes (SMR = 0,58 ; IC95 % [0,53–0,63]), tous cancers (SMR = 0,72 ; IC95 % [0,63–0,82]) et cancers associés au tabagisme traduisant l’effet du travailleur sain. Un excès non significatif est observé pour les cancers de la plèvre (SMR = 2,32 ; IC95 % [0,75–5,41]), du rectum et des TLH, notamment le lymphome non hodgkinien (SMR = 1,38 ; IC95 % [0,63–2,61]) et la leucémie lymphoïde chronique (SMR = 2,36 ; IC95 % [0,64–6,03]). Aucune relation significative avec la dose cumulée externe n’est mise en évidence. Pour l’uranium faiblement soluble, notamment l’URT, une augmentation de risque de mortalité de 8 à 16 % par point de score d’exposition cumulée et de 10 à 15 % par année d’exposition est observée. Conclusion: La cohorte Areva-NC-Pierrelatte présente une surmortalité (non significative) par cancers des TLH, notamment d’origine lymphoïde, sans lien avec l’exposition externe aux RI. L’étude-pilote suggère un lien entre la mortalité par cancer des TLH et des poumons et l’exposition à l’URT faiblement soluble. Ce résultat doit être confirmé par d’autres études, plus puissantes, et par des analyses dose-réponse reposant sur le calcul de la dose absorbée à l’organe-cible de l’uranium.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02641758 , version 1 (28-05-2020)

Identifiants

Citer

I. Guseva Canu, S. Zhivin, J.-P. Garsi, S. Caër-Lorho, E. Samson, et al.. Effets de la contamination chronique à l'uranium sur la mortalité Bilan d'une étude-pilote chez les travailleurs de l'industrie nucléaire en France. Epidemiology and Public Health = Revue d'Epidémiologie et de Santé Publique, 2014, 62 (6), pp.339-350. ⟨10.1016/j.respe.2014.09.006⟩. ⟨hal-02641758⟩
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