Naviguer avec des mots… L’exemple de voilà
Résumé
Naviguer dans le dialogue avec des mots… L'exemple de voilà.
Dans la vie de tous les jours, on a besoin de suivre les conversations qui nous entourent, d’y prendre part, d’en sortir, etc. Pour pouvoir naviguer dans ces conversations, on utilise des petits mots, très fréquents, qui servent de balises et de repères, et que l’on appelle des « mots du discours » : euh, ben, écoute, du coup, alors, c’est ça…
L’équipe de chercheurs avec laquelle je travaille à l’Université de Poitiers s’est intéressée à un de ces mots-là : voilà. On utilise voilà tantôt pour présenter des évènements (« Voilà ce qui m’est arrivé »), présenter des entités (« Voilà Jean-Pierre ! », mais aussi pour conclure, conclure un récit (« Et il s’est perdu, voilà. ») ou conclure une activité (« Et voilà, j’ai fini ! »). On utilise aussi voilà dans ces cas très particuliers comme « je sais que, voilà, ce sera pas du jour au lendemain » ou bien « euh j’pense qu’on est euh voilà on est qualifié euh ». C’est ce genre d’emploi qui nous pose des problèmes : quel est son lien avec les autres emplois de voilà ? Dans quelles situations de locutions apparaissent-ils ?
Je présenterai d’abord une cartographie complète des emplois de voilà, puis l’expérimentation effectuée par mon équipe dans le but de tester des usages liés à des processus cognitifs particuliers (notamment lorsqu’un locuteur est en situation de difficulté, par exemple sous pression temporelle). L’hypothèse que je défendrai alors, à l’aide de l'expérimentation effectuée par la réalisation, en dyades, de figures du jeu Tangram (interaction dialogique), est que voilà est une unité qui évoque le regroupement d’informations et leur partage dans le champ du discours ; voilà servirait ainsi à rendre perceptibles ces informations.