Vers le texte : approche génétique de comptes rendus de conseils d’université (Nanterre, 1971-1973)
Résumé
Vers le texte : approche génétique de comptes rendus de conseils d'université (Nanterre, 1971-1973) Cet article vise à cerner la spécificité du compte rendu de réunion dans l'ensemble des genres de discours « tenant lieu » d'un autre discours, à partir d'un corpus à la fois diachronique et génétique constitué d'archives universitaires 1. Cette analyse nous permettra de saisir comment et en quoi la valeur de « tenant lieu » du compte rendu exploite et repose sur sa matérialité écrite. Se situant dans la continuité de travaux portant sur le compte rendu de réunion (Mellet et Sitri 2013, Sitri 2015) cette contribution entre plus précisément dans le cadre d'un projet visant à étudier la constitution et l'évolution de deux genres de la sphère universitaire, le compte rendu de réunion et le rapport scientifique, via la numérisation de documents d'archives (projet ArchivU) 2. 1. Objectifs et méthode 1.1. Le compte-rendu, genre du « tenant lieu » La dénomination « compte rendu de réunion » s'applique à un texte écrit pour « rendre compte » d'une réunion, c'est-à-dire pour l'essentiel des propos échangés lors de cette réunion. De façon définitoire, le compte rendu de réunion entretient donc un lien consubstantiel avec le champ de la représentation du discours autre (RDA) 3. Quelle que soit la façon dont le texte écrit « rend compte » des échanges oraux, il est envisagé comme un « équivalent » de ces échanges, y compris sur le plan juridique 4 , et en vertu de cette propriété il a pour fonction de restituer les informations divulguées, les décisions prises et les débats tenus. Le compte rendu s'inscrit ainsi dans l'espace des genres du « tenant lieu », qu'Authier-Revuz et Lefebvre définissent en ces termes : Parmi les « genres discursifs de la RDA », certains apparaissent comme entrant dans la composition d'un ensemble qu'on qualifiera de « discours mis pour ». Le discours qui représente, auquel on a accès, a alors un statut pragmatique particulier: Il est « mis pour » le discours qu'il représente. Ce statut de substitut peut se doubler d'une valeur testimoniale-D [le discours qui tient lieu] témoigne de l'existence de d [le discours représenté]-parfois investie dans la sphère juridique et pouvant faire l'objet de procédures de ratification institutionnellement codifiées. Nous proposons de qualifier 1 Je remercie Jacqueline Authier pour sa relecture attentive du texte. Bien entendu toutes les erreurs qui pourraient subsister sont de mon fait. 2 Ces travaux prennent eux-mêmes place dans un programme de recherches initié dans le cadre du séminaire du groupe de travail « Recherches sur le Dire et le Discours » (Clesthia-Modyco) sur le genre du tenant lieu. Ils ont bénéficié, tout comme le présent article, de la réflexion collective menée au sein de ce séminaire, réflexion qui a donné lieu à un numéro de la revue Revista Investigationes (https://periodicos.ufpe.br/revistas/INV/issue/view/122) et à un colloque dont le recueil auquel appartient cet article est issu. 3 En adoptant cette dénomination pour les phénomènes relevant de ce qu'on appelle traditionnellement « discours rapporté », nous nous situons dans le cadre défini par J. Authier-Revuz. Dans ce cadre les modes de RDA englobent non seulement les formes de discours rapporté au sens strict du terme (discours direct, discours indirect, discours indirect libre), mais aussi la modalisation autonymique d'emprunt et la modalisation en assertion seconde, en les situant dans le champ plus large de « l'étage métalangagier du dire » (Authier-Revuz 2020). Ces modes de RDA sont définis par un faisceau de traits relevant de l'ancrage énonciatif, du statut autonyme d'une partie du discours représenté, du fait que le discours autre soit objet ou source du dire. 4 Sur cette valeur propre à l'écrit, voir Fraenkel 2006.
Domaines
Linguistique
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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