La reconnaissance selon Honneth appliquée à l'Education : Visée critique ou visée normative : évolution du concept et détour épistémologique. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2020

La reconnaissance selon Honneth appliquée à l'Education : Visée critique ou visée normative : évolution du concept et détour épistémologique.

Résumé

La reconnaissance selon Honneth appliquée à l'Education (Visée critique ou visée normative : évolution du concept et détour épistémologique) « Dans le prologue de son célèbre roman, L'homme invisible, le narrateur à la première personne, Ralph Ellison, parle de son « invisibilité » : ainsi que le raconte ce « je » toujours anonyme, il est bel et bien un homme de « chair et de sang », mais « on » ne souhaite tout simplement pas le voir ; « on » regarde directement à travers lui; il est tout simplement « invisible » pour tout le monde. Quant à la manière dont il en est venu à être invisible, le narrateur répond que cela doit être dû à la « structure » de « l'oeil intérieur » de ceux qui regardent ainsi implacablement à travers lui sans le voir. Il entend par là non pas leur « oeil physique », non pas un type de déficience visuelle réelle, mais plutôt une disposition intérieure qui ne leur permet pas de voir sa vraie personne. C'est seulement quelques pages plus loin que le lecteur apprend incidemment que la personne qui fait état de son invisibilité est Noire; que ceux qui regardent à travers lui de cette manière sont, au passage, désignés comme « Blancs ». À travers ces jugements agressifs, colériques et brusques du narrateur à la première personne, le « prologue » crée un scénario qui décrit une forme particulièrement subtile d'humiliation raciste contre laquelle le protagoniste noir lutte tout au long du roman; une sorte d'être rendu invisible, ou fait pour disparaître, n'implique évidemment pas une non-présence physique, mais plutôt une non-existence au sens social du terme. » (in A. Honneth, Visibilité et invisibilité. Sur l'épistémologie de la « reconnaissance », in In Revue du MAUSS n°2 3, De la reconnaissance, Don, identité et estime de soi, Paris, 2004, p 9 3 La philosophie peut-elle contribuer au déchiffrement des dénis et/ou conflits intersubjectifs dans une institution ? Particulièrement au sein de l'école (de la maternelle à l'université), et ce au-delà des savoirs objectifs-construits par les sciences sociales-sur les acteurs et leur objet de transaction (Maitre-Elève-Savoirs). Et si la philosophie peut tenir ce pari, dès lors comment procède-t-elle ? Se pourrait-il qu'en identifiant ce qu'elle appelle le principe du social, elle fasse venir à la lumière une dimension morale propre à tous les conflits (apparents et/ou latents) qui sont le coeur même (essence et substance) de toute institution ? Serait-elle dès lors capable d'expliciter les critères d'une institution harmonieuse, voire par extension d'une vie sociale réussie et normativement jugée bonne ? Dans un contexte ou postérieurement au déclin de l'idéalisme allemand, la philosophie a elle aussi cédé « aux démons de la spécialisation », il semble que seul l'axe de la philosophie sociale puisse éclairer de telles problématiques. Pour rappel, pratiquée principalement dans les pays anglo-saxons et en Allemagne, la philosophie sociale est une perspective dont l'apparition, à la fin du XVIII e siècle, est concomitante de la redécouverte du socius par les philosophes. Elle consiste donc initialement en une tentative pour penser l'avènement du social en tant que domaine particulier de l'activité humaine, aussi éloigné de la vie privée que de la vie publique ou politique 1. En Angleterre et aux Etats-Unis, on constate que la philosophie sociale s'intéresse plutôt aux questions de propriété, aux questions pénales, aux questions de santé, plus généralement à chaque fois que la vie de la société civile est tributaire des interventions de l'État 2. De l'autre côté du Rhin, la philosophie sociale se place dans le sillage ouvert par M. Horkheimer et T. Adorno qui, dans l'entre deux guerre (1923), estimant nécessaire de rompre avec une sociologie jugée trop empirique, formulèrent le projet d'une théorie critique, visant à l'émancipation (individuelle et collective) en prenant appui sur l'analyse des expériences de la souffrance sociale. Pour tenter de répondre aux questions précédentes, nous essaierons de faire le point sur la notion de reconnaissance dans l'oeuvre du philosophe allemand A Honneth. Dans la tradition philosophique française où l'on parle plutôt de philosophie morale et/ou de philosophie 1 Cf. H. Arendt, Condition de l'homme moderne, trad., Paris, Calmann-Lévy, 1961 et 1983, p. 76-89. 2 A. Honneth, La société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique, Paris, Éd. de la Découverte, 2006, p. 40
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hal-02432956 , version 1 (08-01-2020)

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  • HAL Id : hal-02432956 , version 1

Citer

Marc Chatellier. La reconnaissance selon Honneth appliquée à l'Education : Visée critique ou visée normative : évolution du concept et détour épistémologique.. 2020. ⟨hal-02432956⟩
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