Nouveaux savoirs civils : cas de la "nouvelle agronomie du riz" à Madagascar - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

Nouveaux savoirs civils : cas de la "nouvelle agronomie du riz" à Madagascar

Résumé

La question examinée dans ce chapitre porte sur l'origine, l'itinéraire et la nature de nouveaux savoirs agroécologiques qui influencent les décisions publiques à une échelle mondiale, se réclamant de la science, de connaissances locales, ou rejetant l'un et l'autre. Ces derniers sont ici dénommés "savoirs civils" en référence à la société civile dont se réclament les promoteurs. En prenant l'exemple de la "nouvelle agronomie du riz", qui s'inspire d'une invention née à Madagascar, un modèle d'itinéraire technique appelé Système de riziculture intensive (SRI), l'article explore le cheminement de ce savoir-faire depuis son émergence jusqu'à sa constitution en norme du référentiel rizicole agroécologique et de la climate smart agriculture. Il examine ses rapports avec la science et les savoirs locaux. Dans ce but nous combinons deux cadres conceptuels, l'agronomie des pratiques et la sociologie des sciences. Cette chronique du SRI, depuis le champ d'essais initial jusqu'au référentiel international, montre comment cette solution technique doublement innovante est d'abord née d'un forum hybride local incomplet. Sans bénéficier de validation scientifique, elle a été injectée directement dans un forum de communication de politique publique et a été adoptée lors d'une fenêtre d'opportunité au niveau national par une nouvelle coalition de pouvoirs. Le processus cognitif et les processus médiatique et politique se sont mêlés, fermant la porte à d'autres acteurs du savoir, dont les plus concernés, les agronomes des organismes de recherche. Prise ensuite comme référence pour ses propriétés productives et environnementales postulées par des chercheurs internationaux engagés auprès de la société civile, cette technique alternative a servi de fondement à une communauté épistémique prenant le SRI comme cadre de recherche. Cela a porté l'innovation au niveau mondial malgré une controverse. L'ensemble de ce processus historique se caractérise par le poids important des agronomes et agents opérant au sein d'organisations non gouvernementales ou d'universités anglo-saxonnes reliées à leurs réseaux internationaux. Ces organisations, dépositaires d'un pouvoir d'action locale et d'une parole publique, partenaires de l'État et de banques de développement, suscitent des convictions partagées fondant une nouvelle forme de "savoirs autorisés", aux propriétés et modes de transmission particuliers que l'on pourrait donc appeler des "savoirs agronomiques civils". Mais le caractère incomplet des forums des savoirs qui ont engendré et accompagné le SRI n'a pas permis au débat de se dérouler pleinement et d'identifier les véritables potentialités de cette invention, finalement restée, en termes d'adoption ou d'impacts, bien en deçà des promesses initiales.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02390480 , version 1 (03-12-2019)

Identifiants

Citer

Georges Serpantié. Nouveaux savoirs civils : cas de la "nouvelle agronomie du riz" à Madagascar. Verdeaux, François (ed.); Hall, I. (ed.); Moizo, Bernard (ed.). Savoirs locaux en situation : retour sur une notion plurielle et dynamique, Quae; IRD, p. 129-159, 2019, Indisciplines, 978-2-7592-3073-0. ⟨hal-02390480⟩
61 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More