"Faire tourner les meufs". Les viols collectifs : discours des médias et des agresseurs - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Gradhiva : revue d'histoire et d'archives de l'anthropologie Année : 2003

"Faire tourner les meufs". Les viols collectifs : discours des médias et des agresseurs

Résumé

(Gradhiva, n°33, 2003, pp. 85-92, dossier spécial « Femmes violentées, femmes violentes ») Christelle Hamel 2 Le film « La Squale » consacré aux relations entre garçons et filles dans les quartiers paupérisés des grandes agglomérations urbaines débute par un viol collectif, une « tournante » selon le langage des agresseurs. Depuis sa diffusion en octobre 2000, les viols collectifs ont fait l'objet de multiples débats. Mais si le réalisateur a conçu le film dans un « esprit féministe 3 », avec la volonté de briser le silence qui entoure les violences masculines envers les jeunes femmes, les émissions télévisées ont laissé paraître des préoccupations tout autres, inhérentes à la conjoncture politique de « retour à l'ordre sécuritaire » qui a marqué les campagnes électorales de 2002. La question des viols collectifs a donc été insérée dans les débats politiques qui ont marqué cette période : « l'insécurité » et « l'immigration ». Ce sont les discours sur ces viols que je me propose d'étudier en les confrontant aux résultats de l'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff) (Jaspard et al., à paraître) et aux données ethnographiques que j'ai recueillies lors d'une recherche sur la sexualité et la gestion des risques d'infection par le VIH auprès de jeunes (18-25 ans) Français de parents maghrébins. Effectuée entre 1996 et 2000, celle-ci concerne soixante-dix garçons et filles, étudiants ou en situation de précarité, ou plus rarement salariés. Sur les onze garçons en difficulté interrogés, cinq se sont livrés à des violences sexuelles. Cet article se fonde sur l'analyse de leurs propos. Le contexte sociologique dans lequel ces violences sont survenues sera présenté, mais j'examinerai d'abord leurs représentations médiatiques. Des viols médiatiques La focalisation sur les viols collectifs a fait émerger des affirmations hâtives qui ont accentué le processus de stigmatisation des « jeunes de banlieue ». Ces viols ont été présentés comme le summum de la violence juvénile, ce qui a renforcé l'idée de son caractère endémique : les propos affirmant qu'il s'agissait d'un phénomène nouveau ont laissé entendre qu'un seuil venait d'être franchi dans l'accroissement supposé de cette violence, et le postulat 1 Ce texte est le produit d'une recherche sur la sexualité, qui a reçu le concours financier de l'Agence nationale de recherche sur le sida, que je tiens à remercier.
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hal-02370866 , version 1 (19-11-2019)

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Christelle Hamel. "Faire tourner les meufs". Les viols collectifs : discours des médias et des agresseurs. Gradhiva : revue d'histoire et d'archives de l'anthropologie , 2003, 33, pp.85-92. ⟨10.3406/gradh.2003.1310⟩. ⟨hal-02370866⟩
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