Micromusique et ludismes régressifs depuis 2000

Jacques Amblard (1) , Emmanuelle Aymès

1 LESA - Laboratoire d'Etudes en Sciences des Arts

La régression, le "devenir-enfant" est la mode dans les sociétés occidentales. Il ne s'agit plus seulement de constater, comme Tocqueville dès les années 1830, que les Etats, ces marchands de sable, infantilisent à dessein leurs administrés, ni que la marchandisation mondialisée a conduit les multinationales à prendre le relais des Etats. Cette infantilisation est cherchée désormais par les citoyens eux-mêmes, en ceci victimes du "système" mais pas seulement : en posture de dé-responsabilisation absolue comme dans quelque stratégie de l'absence (tels Koutouzov face à Napoléon), face aux désormais nombreuses oppressions. Les arts plastiques, dès les années 1980, Jeff Koons en tête, ont adopté cette posture les premiers. Ont suivi les musiques populaires, puis savantes à partir des années 2000. Parmi elles est né un genre nouveau parfois appelé "micromusique", ou encore "cheaptune" ou "8-bit". C'est la musique post-punk des geeks, voire des hackers, qui transforment leurs jouets électroniques des années 1980, Dictée magique et autres GameBoy, en instruments de musique. Ce genre ludiste d'informaticiens Peter Pan, genre régressif ostensible, assumé, provocateur, pousse l'infantilisation jusqu'à son acmé et, dès lors, jusqu'à sa subtile inversion en altermondialisme anticonsommateur, voire en collectivisme ferrailleur, contre notre individualisme postmoderne.

Mots clés: postmodernité; bébé; enfance; récupération; informatique; musique; micromusique; 8-bit; cheaptune; régression; politique; XXIe siècle

Domaines: Musique, musicologie et arts de la scène

Jacques Amblard, Emmanuelle Aymès. Micromusique et ludismes régressifs depuis 2000. 2017. ⟨hal-02301905⟩