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Communication Dans Un Congrès Année : 2019

"Un sens parfait et achevé" : la notion de sens complet chez les grammairiens de l'époque classique

Résumé

La période classique, plus particulièrement les XVIe et XVIIe siècles, est le lieu d’une évolution critique de la conception du texte: le passage de la période à la phrase. À partir d’une conception de l’énoncé fondée sur une ancienne tradition rhétorique, «faite du sentiment constant de l’inexhaustibilité du sens» (Siouffi, 1997:236), les locuteurs privilégièrent progressivement une unité textuelle à l’ampleur moindre et se concentrant davantage sur une prédication principale. Mais de la même façon que la définition formelle de la phrase est sujette à de multiples reconstructions depuis son invention (Seguin, 1993), le concept de période se dérobe aux définitions des chercheurs. Les témoignages directs, provenant des grammaires et des recueils de remarques de l’époque classique, sont difficilement exploitables, notamment du fait de leur métalangage, assez éloigné des concepts employés dans la grammaire moderne(1), et des analyses proposées qui demandent une grande part d’interprétation de la part du lecteur(2).

Un élément revient souvent: l’idée qu’à une période correspond un sens complet (ou «achevé», ou «parfait», cf. (1)). Cette complétude sémantique préside à l’ensemble des propriétés de la période, mais n’est pas sans poser question: qu’est-ce qu’un «sens complet», au regard de ce qui pourrait être un sens «inachevé» ou «imparfait»? De quelle façon, et avec quelle échelle,mesure-t-on cette complétude? Nous proposons de revenir sur les problématiques qu’implique cette définition de la période en reprenant les analyses des grammairiens du temps et en explorant les exemples qu’ils offrent comme illustration. Nous les confronterons notamment à ce que la grammaire textuelle appelle également «période» (Berrendonner et al., 2012), et montrerons de quelle façon cette notion de complétude sémantique a évolué au long des siècles.

(1) On appelle periode un tour & circuit de paroles qui finit & termine un sens parfait & achevé. (Le Gras, [1671] 1973:229)
(2) La petite [période] est ordinairement composée de deux ou de trois parties au plus : Exemple d'une Periode de deux parties : Le Roy est le suprême Legislateur, & la puissance de faire des Loix est un des fleurons de sa Couronne. Autre exemple d'une Période de trois parties : La Clemence est la vertu des Souverains, & ils ne sont iamais plus glorieux, que lors qu'ils endurent qu'on les offense impunémentI. (Irson, 1662:123)
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02277590 , version 1 (03-09-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02277590 , version 1

Citer

Mathieu Goux. "Un sens parfait et achevé" : la notion de sens complet chez les grammairiens de l'époque classique. 33e colloque international du CerLiCO - Complément, Complétude, Complémentation : du lacunaire au complet, Catherine Moreau; Jean Albrespit, May 2019, Bordeaux, France. ⟨hal-02277590⟩
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