L’Écosse, l’histoire antique et la crise impériale
Résumé
Dans un ouvrage publié en 1777, l’Écossais William Barron se penche sur la question de la crise américaine au regard de l’histoire antique. Son History of the Colonization of the Free States of Antiquity Applied to the Present Contest Between Great Britain and Her American Colonies dresse successivement le tableau des colonies carthaginoises, grecques et romaines comme base de réflexion sur la crise en cours avec les Treize Colonies d’Amérique. En conclusion il propose une réforme impériale donnant l’accès à la Chambre des Communes à des représentants des colonies. La solution imaginée par Barron illustre le gouffre d’incompréhension qui le sépare du Congrès américain dont il juge les revendications de 1775 totalement infondées. Quant à celles de 1776, il semble les ignorer.
Cette communication cherche à expliquer la démarche de cet intellectuel écossais qui s’appuie sur deux exemples historiques: celui du récent succès de l’intégration de députés et de lords écossais par l’union de 1707 et celui de l’extension de la citoyenneté romaine à tous les habitants de l’Italie au Ier siècle avant J-C. Il trouve en effet dans l’histoire antique des modèles dont il fait une référence absolue en ce qui concerne les relations entre la métropole et ses colonies, ce qui suscitera les réponses de deux essayistes anglais l’année suivante. Sa proposition de réforme se fonde également sur la certitude de la victoire de l’armée britannique, de la suprématie du Parlement, et de la réussite de l’union anglo-écossaise comme modèle. William Barron est aussi intéressant par les nombreuses incertitudes et inquiétudes dont il nous fait part quant aux conséquences possibles de son projet de réforme, tant pour l’Empire que pour la Constitution britannique.