Wim Delvoye, héritier gâté de Walt Disney
Résumé
L’artiste contemporain Wim Delvoye développe un travail provocateur qui met en scène des machines à produire des étrons (Cloaca), des cochons filmés et tatoués (Tattooed Pigs), un tatouge sur le dos d’un homme (Tim), des photographies issues de radiographies « sexuelles » (série X-Ray), ainsi que des poupées à l’effigie de l’artiste. Ces exemples non exhaustifs reflètent l’intérêt de l’artiste pour certaines problématiques qui traversent la société et nourrissent l’imaginaire posthumain : le refus de la mort, le rapport au sexe, et la présence croissante des nouvelles technologies. Par ailleurs, son succès pour faire de son nom une marque est un moyen de ne pas mourir, comme Walt Disney : « Petit, je croyais vraiment que j’étais spécial, différent des autres. Que mourir ce n’était pas pour moi, que je serais l’exception dans l’histoire de l’humanité… J’étais persuadée que si j’avais les mêmes initiales que Walt Disney, ce ne pouvait pas être un hasard »1. Comment le travail de Delvoye traduit-il le refus de vieillir et de se conformer à la tradition humaniste ? L’héritage de Walt Disney, un des premiers à d’être fait cryogénisé, se retrouve dans la démarche de l’artiste à travers un questionnement sur la jeunesse, la consommation et la mort. L’artiste reconnaît qu’il s’effraie lui-même avec ses idées parfois extrêmes : il s’agira donc également de se demander si le posthumanisme implique de dépasser certaines valeurs morales humanistes.