Jeunes, femmes et développement rural : pour des politiques agricoles qui préparent l’avenir
Résumé
Les jeunes et femmes restent aujourd'hui des groupes vulnérables au regard de leur situation en milieu rural dans la région MENA. Parmi les facteurs communs de vulnérabilité on note leur faible accès à l’ensemble des capitaux nécessaires au développement économique et humain. Ces accès lorsqu’ils leur sont possibles se font essentiellement dans un cadre informel, donc précaire et hors de l’espace public. Paradoxalement, les jeunes et les femmes ont des atouts spécifiques pour l’agriculture et l’organisation du développement des territoires ruraux. Les jeunes sont de plus en plus nombreux dans la population de la région MENA et l’agriculture reste leur première source d’emploi même informelle. Les femmes doivent endosser de plus en plus de responsabilité dans les ménages, en raison des migrations des chefs de famille et de leur plus grande absence du foyer liée à des raisons économiques. Dans ces nouvelles attributions et évolutions à l’oeuvre, les facteurs essentiels de blocage qui se dégagent sont les verrous culturels. Au plan des politiques, peu de priorités semblent être accordées à ces évolutions : il apparaît qu’aucun moyen spécifique à la hauteur des enjeux, qu’aucune politique adaptée ne soit pensée, ni mise en oeuvre pour leur permettre d’assumer et de développer leur participation au développement agricole et rural. Les femmes et les jeunes ruraux se retrouvent ainsi dans des stratégies de contournement des contraintes qu’ils doivent affronter, ce qui loin de résoudre les questions posées, ne fait que renforcer leur situation de vulnérabilité et de précarité et leur marginalisation du système économique formel. Or, ce manque d’intérêt sera à moyen terme lourd de conséquence sur la situation des territoires ruraux et de leur agriculture, voire sur les équilibres sociaux dans la région. Les bouleversements actuels socio‐politiques de la région MENA devraient d’autant plus fortement inciter les pouvoirs publics à entreprendre des réformes en faveur de ces groupes sociaux car ils ont aussi les garants d’une stabilité sociale et économique sur le moyen et sur le long terme.