Les âges du désir féminin dans les discours du second XIXe siècle
Résumé
Dans l'imaginaire typologique du désir au XIXe siècle, ancré dans tous les discours sociaux, éducatifs, médicaux, mais aussi littéraires, le désir, et en particulier le désir féminin, se métamorphoserait de manière radicale en fonction des âges de la femme. Le XIXe siècle établit donc ainsi des différences de nature extrêmement tranchées entre le désir des jeunes filles, celui des épouses-mères et celui des femmes ménopausées. C'est cette temporalité du désir inscrite dans les évolutions physiologiques d'un corps de femme qui nous intéressera ici : on montrera comment le XIXe siècle a créé à travers les discours sociaux, médicaux et romanesques un imaginaire du corps féminin désirant déterminé par des cycles temporels. On verra que cette physiologie fantasmée justifie une morale très stricte, relayée par tous ces récits qui imposent des âges de désir (de la puberté à la ménopause), et des âges sans désir pour les femmes. Chaque saison doit avoir ses voluptés spécifiques, réglées avec un soin chirurgical ; tout désir hors de saison devient danger mortel. Cette conception du désir charnel féminin fait de la fille d'Eve une créature absolument soumise à son impérieuse physiologie ; son désir n'est plus, comme au XVIIIe siècle, l'expression de sa liberté, mais devient au contraire le signe d'une dépendance absolue au corps et à ses changements.
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