« (Se) jouer des corps : Malédiction, DudaPaiva Company »
Résumé
Malédiction s’inscrit dans la continuité du travail de la compagnie DudaPaiva, caractérisé, notamment, par une approche chorégraphique du mouvement marionnettique, et par le recours à des effigies de mousse. La malléabilité de ce matériau est à l’origine d’une puissante et troublante expressivité des marionnettes (leurs visages et leurs corps ayant, pour ainsi dire, la souplesse du vivant), mais elle est aussi ce qui autorise les marionnettistes à fusionner avec leurs créatures, dont ils font des prolongements prothétiques de leurs propres corps – à moins, justement, que ce ne soit l’inverse. Dans Malédiction, ce sentiment de fascination mêlée que provoquent les spectacles de DudaPaïva, entre autonomie des effigies et hybridation monstrueuse des corps en jeu, acquiert une portée symbolique particulière, dès lors que les relations entre corps-manipulant et corps-manipulés donnent forme à une fable d’anticipation drolatique, qui renvoie le spectateur aux hantises que peuvent lui inspirer les perspectives de la manipulation du vivant (de la chirurgie esthétique au clonage).
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)