L’histoire littéraire au prisme des Kulturwissenschaften : entre crise, critique et renouvellement.
Résumé
Dans cette communication, il s’agira de lancer quelques pistes de réflexion sur les effets du tournant culturaliste en Germanistik sur l’écriture de l’histoire littéraire. De même que d’aucuns ont pu annoncer il y a une dizaine d’années le « retour de l’auteur », l’histoire littéraire semble connaître un regain d’intérêt de la part de chercheurs en littérature qui s’attellent de manière critique à cet incontournable des études littéraires que l’on croyait tombé en désuétude. Or il semble que ce renouvellement de la réflexion sur l’histoire littéraire soit en grande partie dû aux contacts noués au sein de la Germanistik entre les Literaturwissenschaften classiques et les Kulturwissenschaften qui remettent en cause de nombreux paradigmes fondateurs de l’histoire littéraire, comme ceux de nation ou de canon. Proposant une plus grande réflexivité sur ces notions, ajoutant à l’échelle de la nation celle du local et du global, renouvelant le macro-récit nécessaire à l’élaboration de toute histoire littéraire par les concepts d’identité et de mémoire collectives, faisant, paradoxalement, de l’espace un concept clé, l’approche culturelle redynamise autant qu’elle pousse à la limite l’écriture de l’histoire littéraire. Par « nature composite » (Jeannelle) – puisque l’association de l’historique et de l’esthétique qui lui est inhérente est en soi problématique –, l’histoire littéraire doit en outre être ‘transculturelle’, avoir recours à l’outillage de ‘l’histoire croisée’ ou des ‘transferts culturels’, et accorder une plus grande place aux médiations culturelles (objets, supports, traductions). Nous analyserons ces nouveaux discours sur le croisement de l’histoire littéraire et des études culturelles en Germanistik et nous interrogerons sur les possibilités et exemples de mises en œuvres concrètes de ces discours programmatiques.