Le romantisme des Âmes fortes
Résumé
Si le temps semble révolu où l’œuvre de Giono était systématiquement identifiée au lyrisme de la nature et à l’exaltation du monde paysan, son rapport singulier au romantisme, ferment majeur d’un profond renouvellement littéraire au tournant de la Seconde Guerre mondiale, est le plus souvent rattaché au "Cycle du Hussard", où l’imprégnation stendhalienne est évidente. Il serait tentant dès lors de voir dans l’autre versant de la production gionienne d’après-guerre, celui des "Chroniques romanesques", un contrepoint antiromantique dominé par une vision âpre et pessimiste de la nature humaine. Cependant, la frontière entre les deux massifs, composés en alternance dans la même période, est loin d’être étanche, comme l'attestent les "Récits de la demi-brigade". D’autre part, le romantisme lui-même est trop complexe pour se laisser réduire aux passions nobles dont Angelo, le héros du "Hussard", est porteur. Dans les "Chroniques romanesques" aussi Giono travaille à partir de ce vaste intertexte, quoique que de manière moins ostensible. Ainsi, dans "Les Âmes fortes", sur le fond prosaïque d’une petite ville de province se détachent à la fois le "sublime tendre" de la passion et le "sublime noir" du crime, Giono s’employant aussi à brouiller les cartes par l'invention d'une forme romanesque originale, qui fait la part belle à l'indécidable.
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