Jalons pour une histoire des pendues de Monterfil
Résumé
Au mois d’août 2014, de nombreux médias ont publié un article de l’Agence France-Presse consacré à celles qu’il est coutume de nommer les « pendues de Monterfil » et titré « 70 ans après l’épuration, le tabou des pendues se lézarde à Monterfil ». A en croire l’auteur, un très lourd secret expliquerait que les commémorations de la Libération s’effectuent dans une relative discrétion. Bien plus : nous découvrons au fil de la lecture que 70 des 1 300 habitants que compte ce petit village situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rennes ont « enfin osé », en 2014, venir rendre hommage à trois femmes accusées à tort de collaboration et victimes d’une « épuration sauvage » orchestrée par des « résistants de la dernière heure ». Sous l’Occupation, les trois victimes travaillent comme aide-cuisinières dans un camp de transmissions occupé par les Allemands installé à proximité du village. Selon l’article de l’AFP, une fois la Libération venue, elles sont arrêtées et transférées à la prison de Rennes. Rapidement libérées cependant, elles sont, toujours d’après la même source, arrachées aux gendarmes par une « douzaine de jeunes gens armés et fortement alcoolisés » qui sont originaires du village et dont l’un est le fils du maire. Ceux-ci les accusent d’avoir couché avec les Allemands et d’avoir dénoncé des résistants. Elles sont ramenées alors à Monterfil et tondues sans que la population du village « n’ose intervenir » explique le journaliste. Le 4 août 1944, après un semblant de procès, elles sont conduites dans un bois situé dans le village voisin d’Iffendic pour être pendues et, « parce que la corde ne coulissait pas », achevées à coups de pelle. Au-delà du caractère sensationnaliste de l’article, favorisé il est vrai par les événements eux-mêmes, il semble nécessaire de contextualiser cet épisode et ainsi l’analyser en tant qu’historien.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)