Autour d’un récent arrêt du Conseil d’Etat sur le respect de la dignité (CE ord. 9 janv. 2014) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Comparative Law Journal of the Pacific / Journal de Droit Comparé du Pacifique [Anciennement Revue juridique polynésienne (RJP)] Année : 2014

Autour d’un récent arrêt du Conseil d’Etat sur le respect de la dignité (CE ord. 9 janv. 2014)

Jean-Paul Pastorel
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 964192

Résumé

In January 2014 the French Conseil d'Etat confirmed the banning of the show "Le Mur" of Dieudonné. The decision confirmed a restriction on the freedom of expression. The justification for the ban was both the risk of public disturbances because of the show and the risk of serious harm to the values and principles, particularly the dignity of the individual, which are consecrated in the 1789 Declaration of the Rights of Man and in the republican tradition of France. This article discusses the judgment and considers whether the decision is a departure from tradition or whether it fits with tradition and with the decisions of the European Court for Human Rights.
«L'affaire Dieudonné» a réveillé en France un débat que l'on pensait révolu sur la censure. Héritière du message de la Révolution française, la liberté d'expression est la règle et la restriction de police, l'exception. La loi interdit et sanctionne les abus (diffamation, injure, incitation à la haine raciale…) mais seul le risque de trouble à l'ordre public à raison des circonstances locales autorisait l'administration à restreindre préventivement la liberté d'expression. Ce système a cependant trouvé ses limites. En dépit de nombreuses condamnations pénales en raison de provocations répétées à la discrimination raciale, un acteur engagé a poursuivi ses spectacles, suscitant des polémiques et un trouble dans l'opinion publique qui lui assuraient paradoxalement une publicité importante. C'est cet engrenage que la haute juridiction administrative française a voulu arrêter. En interdisant ce spectacle, le Conseil d'Etat renoue avec son souci de prévenir les atteintes à l'ordre public et à la cohésion nationale et, s'inspirant des décisions de la cour européenne des droits de l'homme, elle-même influencée par la jurisprudence de la Cour suprême américaine, il sanctionne les atteintes à la «dignité de la personne humaine». Comme dans l'affaire des «lancers de nains» en 1995, le juge administratif français considère que la liberté d'expression ne peut servir à promouvoir l'antisémitisme et la haine raciale. L'abus de droit qui consiste à utiliser une liberté pour en détruire une autre est ici clairement sanctionné. Si cette affaire a rencontré un tel écho en France, c'est parce que chaque limitation de la liberté d'expression renvoie au débat récurrent sur la conception même de la démocratie (cf interdiction de la liberté pour les ennemis de la liberté?). C'est pourquoi le juge reste très prudent dans l'exercice de son contrôle juridictionnel et attentif à concilier la liberté d'expression avec l'objectif de respect de la dignité de la personne humaine qui est fondé sur une certaine idée de l'égalité entre tous les citoyens qui ont un droit égal au respect de leur dignité.

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hal-01780833 , version 1 (27-04-2018)

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  • HAL Id : hal-01780833 , version 1

Citer

Jean-Paul Pastorel. Autour d’un récent arrêt du Conseil d’Etat sur le respect de la dignité (CE ord. 9 janv. 2014). Comparative Law Journal of the Pacific / Journal de Droit Comparé du Pacifique [Anciennement Revue juridique polynésienne (RJP)], 2014, 20, p. 223-234. ⟨hal-01780833⟩
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